La structure regroupe les patrons des services de renseignements maurtaniens, maliens, nigériens et algériens. Les manœuvres de certains Etats, notamment le Mali, voulant impliquer le Maroc dans la démarche, ont échoué. Le centre de renseignements sur le Sahel a été installé, hier à Alger, par les patrons des services algériens, mauritaniens, maliens et nigériens. Sa mission : mettre à disposition du centre opérationnel militaire conjoint de Tamanrasset une base de données sur les activités terroristes pour faciliter leur neutralisation.Cinq mois après la mise en place, en avril dernier, à Tamanrasset, d'un comité d'état-major militaire conjoint, les patrons des services du Mali, de la Mauritanie, du Niger et de l'Algérie ont installé hier, à Alger, un centre commun de renseignements sur la région du Sahel. Composé d'officiers de haut rang, ce centre a pour tâche de collecter et d'échanger les informations sur les activités des groupes terroristes dans la région, leur implantation, leurs mouvements et surtout l'identité de chacun de leurs membres, de les mettre à la disposition de l'état-major de Tamanrasset. La direction de ce centre sera tournante, au même titre que celle du conseil militaire, et ses rapports réguliers. Ainsi, quarante-huit heures après la réunion extraordinaire de Tamanrasset, convoquée à la demande de l'Algérie, eu égard aux graves événements qui secouent la région du Sahel, les pays de la région s'entendent sur un autre instrument de lutte contre le terrorisme, qui est, en fait, la colonne vertébrale de leur stratégie commune. Une initiative qui tombe à point nommé, après avoir aplani les divergences qui avaient miné le fonctionnement du comité d'état-major et qui avaient trait beaucoup plus à la stratégie de lutte et au règlement qui régit la concrétisation sur le terrain de celle-ci. Certains Etats composant cette structure, parmi lesquels, le Mali, avaient souhaité la présence surtout du Maroc, alors que géographiquement ce dernier n'est pas concerné. «Des pays étrangers à la sous-région sont en train d'exercer des pressions sur certains membres de la coalition, afin de faire du lobbying au profit de l'intégration du Maroc. Or, les activités d'Al Qaîda sont concentrées surtout dans les territoires du Mali, du Niger, de la Mauritanie et de l'Algérie. Le Maroc n'a pas pied dans cette région», déclare une source proche du dossier. En fait, les propos de notre interlocuteur renseignent assez bien sur les visées des campagnes médiatico-politiques menées, depuis peu, en faveur de l'implication du royaume chérifien dans le commandement militaire conjoint de Tamanrasset, chargé de lutter contre le terrorisme au Sahel. Un site web malien (pro-gouvernemental) a tenté d'expliquer, dans son édition du 24 septembre dernier, la position d'inertie du Mali face aux activités terroristes. Selon le journal, le président Amadou Tounani Touré «n'accepte pas que l'on transforme le nord de son territoire en champ de bataille privilégié au nom de la lutte contre AQMI. Ce serait aller vers une pakistanisation du septentrion, car tous les combattants djihadistes, qui traînent actuellement en Afghanistan, au Pakistan, en Irak, soutenus par de grands groupes mondiaux connus comme alliés , convergeraient vers le nord du Mali, sous prétexte de prêter main-forte à leurs frères djihadistes d'AQMI. Il y a d'ailleurs, actuellement, une savante propension de certains pays voisins du Mali à repousser leurs terroristes vers cette zone pour y concentrer les opérations militaires contre AQMI». Mieux, le journal a donné une information d'une extrême importance qui augure des velléités d'intervention étrangère, par le biais de l'installation d'une base militaire, dirigée par des forces extra-régionales. En effet, l'article en question a annoncé : «Une force d'intervention régionale contre AQMI verrait bientôt le jour et bénéficiera de l'appui logistique de la France et du soutien américain en termes de renseignements stratégiques. Un état-major commun pourrait faire l'affaire, à condition que l'Algérie freine ses velléités hégémoniques. Sinon, cet état-major sera comme celui de Tamanrasset, mis en place par le Mali, la Mauritanie, le Niger et l'Algérie, mais qui est, en réalité, une coquille vide.» Force est de croire que nous sommes face à une stratégie de mise en isolement de l'Algérie, du fait de sa position contre toute intervention étrangère aux portes de ses frontières, fut-elle marocaine. Hier, lors de l'installation, à Alger, du centre de renseignements sur le Sahel, il n'était pas question de faire admettre un autre membre ou non dans la coalition, mais plutôt de la nécessité de coordonner les efforts entre les quatre pays concernés directement par l'activité d'AQMI, pour la neutraliser le plus tôt possible et pacifier ainsi la sous-région. «Les représentants des services de chacun des pays sont conscients de l'enjeu et acceptent le principe de constituer cette coalition à quatre et non à cinq. Toute aide allant dans le sens du soutien logistique à cette initiative reste la bienvenue. Les pays de la sous-région sont capables de relever le défi, il n'y a aucun doute sur la question», nous a déclaré une source diplomatique au fait du dossier.