Le président du RCD, Saïd Sadi, et le secrétaire national du FFS, Ali Laskri, se sont donné hier vers midi une accolade qui a duré quelques minutes au village Imoula, dans la daïra des Ouadhias. Les deux hommes politiques ont été appelés à la scène par l'animateur de la cérémonie des festivités du 1er Novembre. Ce geste historique (jamais les responsables des deux partis ne se sont autant rapprochés) est fortement apprécié et chaleureusement acclamé par la foule présente sur la place du village historique. Saïd Sadi, détendu et souriant, est entouré des militants et des cadres du parti, parmi lesquels Hamid Lounaouci (ancien ministre) et Nouredine Aït Hamouda (ancien député). A quelques centimètres du groupe du RCD discute l'encadrement du FFS. Ali Laskri, plutôt crispé, se tient à côté de Djilali Leghima (ex-député), Abdelkader Hamadache (ex-sénateur) et Madjid Lemdani, chargé de la politique financière au sein du parti. La présence des cadres des deux formations politiques a étonné plus d'un. Dans la petite place du village, l'apparition de maître Ali Yahia Abdenour et de Hocine Zehouane, nouveau responsable de la LADDH, suscite moult commentaires. Le rapprochement entre les deux partis est bien réel, commente-t-on. Ainsi, la commémoration du 1er Novembre prend une dimension politique et électoraliste. Maître Ali Yahia Abdenour, invité à prendre la parole, évoque clairement les élections locales : « Pour les élections du 24 novembre, un appel à l'union et la fraternité est lancé ! » A propos du rapprochement entre les partis du RCD et du FFS, il nous explique : « Un groupe de personnes et moi-même avons pensé créer à l'occasion des prochaines élections partielles un rassemblement des démocrates dont la finalité est de former un pôle démocratique. D'abord entre les démocrates de la Kabylie qui vont participer aux élections partielles. Ensuite, nous allons faire appel à tous les démocrates que nous connaissons pour leur dire de venir nous aider afin de finaliser le projet. Il faut préciser toutefois que jusqu'à présent, nous n'avons contacté aucun parti politique. Après les fêtes de l'Aïd, nous allons tracer ce qu'on appelle la feuille de route. Nous allons essayer d'initier une rencontre au sommet. D'abord, nous allons voir les responsables séparément et à partir de là, nous allons voir comment continuer. » Toutefois, cette démarche ne semble pas a priori intéresser le parti de Hocine Aït Ahmed. Le secrétaire national, Ali Laskri, lors de son intervention publique, dira : « On est ouvert, mais pas pour œuvrer avec ceux qui ont travaillé avec ce système qui provoque les émeutes pour emprisonner les gens. » Questionné sur le fond de sa pensée, il nous confiera : « Il n'y a aucun regroupement possible avec un quelconque parti. Le FFS a ses propres listes, il va faire sa propre campagne électorale. L'initiative en question parle de tolérance et de respect mutuel, il faut savoir que le FFS défend tout le temps les valeurs de tolérance envers les citoyens. Si aujourd'hui on s'est retrouvé ici avec une accolade, c'est parce qu'elle est programmée sans que j'en sois informé. Ceci n'est pas correct. Ce sont à mon sens des initiatives malsaines. » Le responsable du FFS a quitté le village juste après l'accolade. Pour sa part, Saïd Sadi devait souligner : « Il est clair que dans la conjoncture nationale et régionale actuelle, le danger d'une régression, voire même la déstabilisation de la nation algérienne est une réalité. Cela veut dire concrètement que tout militant convaincu que le message de Novembre et le combat qui s'en est suivi n'a été possible que parce que les énergies ont su se retrouver et qu'aujourd'hui l'ensemble des patriotes et les forces de progrès se rassemblent. Nous sommes disposés, mais nous savons aussi que cette initiative ne fait pas que des heureux et que les forces de l'ombre provoqueront et feront tout pour la torpiller parce qu'elle est dangereuse pour eux et importante pour nous, mais il faut garder son sang-froid et sa détermination. »