Le gouvernement chinois n'accepte toujours pas l'attribution du prix Nobel de la paix au dissident Liu Xiaobo et dénonce un complot occidental. Une semaine après l'octroi à Liu Xiaobo du Nobel de la paix, la Chine continuait à critiquer le choix de l'académie Nobel et dénonçait «les guerres idéologiques sans fin» de l'Occident, estimant que ce prix revenait à «encourager le crime», selon les déclarations de Ma Zhaoxu, porte- parole du ministère des Affaires étrangères. «Les quelques personnes partiales du comité (Nobel) norvégien n'ont pas le droit de juger», a-t-il déclaré, ajoutant que «l'indépendance de la justice chinoise ne saurait être violée». Après l'annonce du Nobel, Pékin avait placé l'épouse du dissident emprisonné, Liu Xia, en résidence surveillée en la privant du téléphone mais sans pouvoir l'empêcher de communiquer avec l'extérieur grâce à Twitter. Le Nobel représente un affront pour la Chine, appelée par plusieurs pays et organisations de défense des droits de l'homme à libérer le dissident, le premier citoyen chinois à se voir décerner le prix de la paix. A Tokyo, le Premier ministre japonais, Naoto Kan, a réclamé hier la libération de Liu Xiaobo et a appelé la Chine à respecter les droits de l'homme, au risque de raviver la crise diplomatique à peine soldée avec la Chine après un incident maritime autour d'îlots revendiqués par les deux pays. «Croisade idéologique». Pendant des semaines, la Chine avait exercé des pressions sur la Norvège pour que ce prix prestigieux n'aille pas à Liu, grand favori. Elle a depuis annulé des rencontres officielles et une manifestation culturelle avec Oslo. «La Constitution et les lois chinoises protègent les droits du peuple», a assuré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, ajoutant que «les affaires chinoises devraient être laissées au peuple chinois». La presse chinoise à son tour se déchaîne contre cette distinction. Dans un éditorial titré «les guerres idéologiques sans fin contre la Chine», le quotidien Global Times lançait une nouvelle salve jeudi contre le Nobel. «Le prix Nobel de la paix n'est pas une voix isolée», estimait-il. «Il fait partie d'un concerto lancé par différentes organisations non gouvernementales, des entités économiques et des organisations internationales et orchestré par des pays développés», a indiqué le quotidien en langue anglaise, connu pour ses prises de positions nationalistes. «Ils espèrent même qu'un jour la Chine s'effondrera sous l'effet de la croisade idéologique occidentale», poursuit le journal. Depuis l'annonce du comité Nobel, des militants des droits de l'homme ont vu leur surveillance renforcée. Ding Zilin, figure de proue des «mères de Tiananmen», qui regroupe des parents des victimes de la répression sanglante des manifestations de mai-juin 1989, s'est vu supprimer son téléphone et son accès haut débit alors que Sun Wenguang, autre militant enseignant retraité, a vu sa liberté restreinte dans la province du Shandong après avoir félicité Liu Xiaobo pour son Nobel, a annoncé l'association «Les défenseurs des droits de l'homme en Chine». Pour rappel, Liu Xiaobo est âgé de 54 ans, ancien enseignant et figure des manifestations de Tiananmen de 1989, il a été condamné fin 2009 à 11 ans de prison après avoir été l'un des auteurs de la Charte 08, un texte qui réclamait une Chine démocratique.