- L'année 2010 a été l'Année internationale de la biodiversité. En parallèle, la 65e session de l'Assemblée générale de l'ONU de septembre dernier a été l'occasion de tenir un sommet sur les objectifs du millénaire pour le développement. Quel rapport existe-t-il entre la biodiversité et ces OMD et leur réalisation ? L'Année internationale de la biodiversité a été déclarée par l'Assemblée générale des Nations unies sur la base de mon initiative en vue de nous forcer à regarder la réalité - toute la destruction dont nous sommes à l'origine - en face. En effet, la biodiversité n'est pas seulement la verdure et les parcs, c'est avant tout le trésor le plus précieux. Car celui-ci constitue le capital «nature», et non le capital «de papier de billets de banques». L'exportation des ressources naturelles constitue 90% des revenus de l'Afrique. L'Algérie est bien placée pour savoir que 95% des ses exportations sont constituées du pétrole et du gaz. Donc, elle s'appuie pour son développement sur des ressources biologiques. Et l'on se doit de protéger ce capital naturel pour les générations à venir. Une étude sur les économies des écosystèmes sera rendue publique à notre prochain sommet de Nagoya sur la biodiversité et sur la contribution de la biodiversité à l'économie mondiale. Elle est estimée entre 3 et 6 trillions de dollars. La biodiversité c'est notre économie, nos finances, nos cultures, notre spiritualité et notre identité. Nous avons une obligation morale, générationnelle et civilisationnelle de la protéger, et nos leaders ont une responsabilité historique. D'où l'idée d'un sommet des chefs d'Etat à New York sur la biodiversité, dont l'objectif initial a été dévoyé en raison des politiques politiciennes. Cette réunion s'est transformée en une autre enceinte de discours au contenu évasif. Une belle occasion a été ratée, mais le secrétariat est déterminé à poursuivre son œuvre de porter haut et fort le message de la biodiversité et de porter cette question à la table des chefs d'Etat et de gouvernement. Pour cela, il faut compter sur l'entêtement d'un enfant du désert soucieux de l'avenir des enfants du monde ! - Lors de votre intervention au cours d'un séminaire international sur la biodiversité en Espagne, vous avez dressé un constat alarmant quant à l'érosion des ressources biologiques mondiales. Pourriez-vous nous en dire davantage ? Les changements climatiques se sont érigés en cause majeure de la perte de la biodiversité. Plus de 89% des rapports reçus de la part des 145 gouvernements ont confirmé ce constat. Chaque degré d'augmentation de la température du globe entraîne ipso facto la disparition de 10% de la diversité biologique recensée. 30% des espèces animales et végétales sont menacées d'extinction avant la fin de ce siècle en raison du réchauffement de la planète. L'homo urbanus est aussi une cause majeure de la perte de la biodiversité. En 2050, les deux tiers des 9 milliards d'êtres humains seront urbains, et à la fin de ce siècle, 90% de la population vivra dans les villes. C'est pour cela que nous avons lancé une initiative sur les villes et la biodiversité. Quelque 300 maires du monde sont attendus à Nagoya les 25 et 26 octobre pour l'établissement d'un partenariat entre les ministres de l'Environnement et les autorités locales et municipales. J'espère pouvoir compter sur la présence d'au moins un maire de mon pays.