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Ahmed Djoghlaf. Secrétaire exécutif de la Convention sur la diversité biologique (Programme des Nations unies pour l'environnement) « L'humanité est à la veille de la sixième extinction des espèces »
En quoi la liste rouge est-elle un baromètre important de la biodiversité ? Elle est un indicateur essentiel de l'état de la biodiversité dans le monde et des menaces multiformes qui pèsent sur la capacité de la planète à maintenir la vie sur terre. Elle confirme le constat accablant dressé par les scientifiques quant à la perte sans précédent de la biodiversité à laquelle l'humanité fait face et qui se trouve aggravée tant par une urbanisation forcenée que par les effets négatifs des changements climatiques. Selon le rapport du groupe d'experts intergouvernementaux sur les changements climatiques, plus de 30% des espèces aujourd'hui recensées risquent de disparaître d'ici à la fin du siècle en raison des changements climatiques. Existe-t-il d'autres outils aussi fiables ? Absolument, l'étude du millénaire des écosystèmes, entreprise par un collectif de 1395 scientifiques appartenant à 95 pays, a permis d'examiner pour la première fois l'état de santé des écosystèmes, a confirmé le constat de l'IUCN, et a démontré que la perte de la biodiversité serait aujourd'hui plus de 1000 fois supérieure au taux naturel d'extinction des espèces. La quatrième édition de l'Etat de l'environnement mondial, publiée l'année dernière par le Programme des Nations unies pour l'environnement tout comme l'Etat mondial de la biodiversité publié en 2006 confirment ce constat accablant qui interpelle tant les décideurs que le commun des mortels. L'index du Fonds mondial pour la nature rendu public en mai dernier démontre enfin que le taux d'extinction des espèces dans les zones tropicales a augmenté de plus de 47%. Comment situer l'état actuel de la biodiversité dans l'histoire du règne animal ? Au dernier colloque organisé par l'Académie des sciences des Etats-Unis, deux biologistes de l'université de Stanford de Californie ont lancé un véritable cri d'alarme en démontrant que l'humanité serait à la veille de la sixième extinction globale des espèces, peut-être la plus grave, mais certainement la première à être générée par une espèce, la nôtre, homo sapiens. Ils ont affirmé que l'avenir de la biodiversité pour les millénaires à venir sera déterminé à jamais par ce que nous, en tant qu'êtres humains, allons ou pas faire durant les 50 années à venir. Concrètement, comment un gouvernement peut-il se servir des données de la liste pour mettre en place des programmes de conservation de la nature ? Arrêter la perte de la biodiversité, c'est appliquer les engagements contractés par la communauté internationale à travers l'adoption, la signature et aujourd'hui la mise en œuvre de la convention des Nations unies sur la diversité biologique. C'est pour cela que les chefs d'Etat et de gouvernement se sont engagés, lors du sommet de Johannesburg sur le développement durable, à réduire la perte de la biodiversité en 2010. C'est pour cela qu'un segment de haut niveau de l'Assemblée générale des Nations unies se tiendra en septembre 2010 et c'est pour cela aussi que l'année 2010 a été proclamée Année internationale de la biodiversité. En effet, les 191 parties à la convention se sont engagées à adopter des stratégies et des plans d'action pour la mise en œuvre des trois objectifs de la convention, à savoir la conservation de la biodiversité, son utilisation durable et le partage des bénéfices découlant de l'utilisation des ressources génétiques. Quinze ans après l'entrée en vigueur de cet instrument juridique contraignant, plus de 40 pays n'ont pas tenu leur engagement. Ces stratégies et plans d'action sont des instruments clés pour traduire au niveau national et local les décisions adoptées tous les deux ans par l'assemblée générale de la convention. Ils doivent être des documents vivants. Ils doivent de ce fait être ajustés et adaptés de façon constante. Seuls 16 pays ont procédé à des révisions de ces instruments. Un pays comme le Japon l'a fait à trois reprises.