Les 33 mineurs bloqués sous terre depuis plus de deux mois au Chili ont retrouvé l'air libre mercredi soir au terme d'un sauvetage émouvant et maîtrisé à la perfection, qui a fasciné le monde entier. Le dernier hissé à la surface à 00h55 GMT a été Luis Urzua, le «capitaine» du groupe en tant que chef de quart, après 69 jours sous terre. Au même moment, 33 ballons aux couleurs du Chili ont été lancés dans le ciel au-dessus du «camp Espoir», où les proches des mineurs les ont attendus depuis l'éboulement qui les a piégés à plus de 600 m de profondeur le 5 août. Le leader des «33» a longuement étreint le président Sebastian Pinera qui l'a «félicité pour avoir rempli son devoir de capitaine, en sortant en dernier». Le président chilien a annoncé qu'un milliard de téléspectateurs avaient suivi les opérations à travers le monde. Les deux hommes et les secouristes ont ensuite entonné l'hymne chilien, casque de mineur sur le coeur. Dans la capitale Santiago à 800 km au sud, un concert de klaxons a retenti dans les rues pour saluer la délivrance du 33e mineur. Les secours ont battu tous les pronostics des autorités, remontant les «33» en moins de 22 heures à bord d'une capsule aux couleurs blanc, bleu, rouge du drapeau chilien et baptisée Phénix en référence à la «renaissance» des mineurs. L'opération «San Lorenzo» (d'après le saint-patron des mineurs), pour retrouver et sortir de la mine les «33», a coûté «entre 10 et 20 millions de dollars» (7 à 14 millions d'euros), selon le président Pinera. Avec une prière à genoux, un poing rageur brandi, un cri ou une blague, les mineurs ont salué différemment leur délivrance. Mais tous, comme le premier secouru Florencio Avalos, 31 ans, ont longuement enlacé épouse, compagne, enfants. L'état de santé général des mineurs est «plus que satisfaisant», a affirmé le ministre de la Santé depuis l'hôpital de Copiapo où les mineurs ont été admis, à 50 km de la mine. Les seules complications concernent deux mineurs non identifiés qui ont été opérés jeudi pour «des foyers d'infections dentaires assez sévères» et un cas de pneumonie déjà traité depuis quelques jours, a-t-il ajouté. Le président bolivien Evo Morales, venu saluer son compatriote Carlos Mamani, seul étranger des «33», s'est demandé «comment payer notre dette pour ces efforts» déployés par le Chili. Le président américain Barack Obama, le chef de l'Etat brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, le Secrétaire Général de l'ONU et beaucoup d'autres, dont le pape Benoît XVI ou l'ex-footballeur Diego Maradona, ont salué ce sauvetage. Aux abords de la mine, la cohue médiatique a dégénéré en pugilat au moment de la sortie du premier mineur. Plus de 2.000 journalistes ont accouru pour le «happy end» de cette saga souterraine sans précédent qui a fait la une des médias du monde entier. En deux mois, les «33» sont devenus des vedettes planétaires.