Synthèse de Amel Bouakba Après plus de deux mois de calvaire, d'attente et de suspense, les trente-trois mineurs chiliens restés coincés dans la mine sous les décombres a pris fin sur une notre de happy end, précisément à 21h50 (heure du Chili), avec la libération de Luis Urzua Iribarren, le dernier d'entre eux, considéré comme le capitaine de l'équipe. Après 69 jours coincés à plus de 600 mètres sous terre, le sauvetage épique retransmis par les télévisions du monde entier a donc été couronné de succès. Une première mondiale. Le chef de l'équipe des mineurs Luis Urzua a été le dernier à être délivré à l'aide de la capsule spéciale de sauvetage Phoenix. L'opération de sauvetage aura donc finalement duré vingt-quatre heures. L'extraordinaire sauvetage des mineurs de San José a continué jeudi d'être salué à travers le monde. Renaissance, miracle, accouchement réussi : la presse internationale a multiplié les métaphores pour exprimer la joie suscitée sur les cinq continents par le sauvetage des «33», mené et mis en scène de main de maître par les autorités chiliennes. L'aventure inouïe des trente-trois mineurs a donné une forte injection d'optimisme au Chili, secoué, il y a sept mois, par un tremblement de terre meurtrier, et montré au monde entier sa capacité à organiser un sauvetage modèle. Mais le gouvernement, qui n'a pas manqué d'invoquer les «leçons» de l'odyssée des 33, pourrait trouver cette réussite à double tranchant : difficile à rééditer d'abord, et dérangeante par le projecteur qu'elle a braqué sur une partie, précaire, du secteur minier. «L'Opération San Lorenzo » (du nom du saint patron des mineurs) pour sauver les 33 a constitué une vitrine spectaculaire de l'ingénierie et du savoir-faire miniers du Chili, et servira d'exemple pour longtemps dans les exercices de secours souterrains par le monde. L'héroïsme des trente-trois mineurs, l'abnégation des secouristes, la solidarité au fond de la mine ou autour des familles, ont redoré l'image que le Chili avait de lui-même : une image qu'avait mise à mal la réaction tardive à l'alerte au tsunami du 27 février et les scènes de pillage des jours qui suivirent. L'aventure inouïe des trente-trois mineurs emprisonnés pendant près de soixante-dix jours dans une mine du désert chilien a tenu le monde en haleine comme peu d'événements auparavant, sa couverture médiatique pouvant sans peine rivaliser avec celle des attentats du 11 septembre 2001. Au total, plus de 2 000 journalistes ont fait le voyage jusque dans le désert d'Atacama (nord du Chili) pour couvrir la fin heureuse de cette saga souterraine sans précédent. Leurs noms sont désormais célèbres au Chili et ils ont été inondés de demandes d'interviews par la presse internationale, certains médias offrant même des rémunérations, parfois jusqu'à 50 000 dollars, pour leurs témoignages. Héros malgré eux, ils se sont vu offrir des cadeaux du monde entier : un chèque d'un magnat minier du Chili de 10 000 dollars pour chacun, des voyages à Taïwan, en Grèce, des invitations à des matches de Manchester United ou du Real Madrid dans des stades de Grande-Bretagne et d'Espagne. Les réactions dans le monde fusent de partout. Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a qualifié, jeudi, le sauvetage des trente-trois mineurs chiliens comme étant «un triomphe extraordinaire du génie humain».