La bâtisse qui a coûté des milliards de dinars au contribuable est livrée au pillage et au vandalisme sous l'œil indifférent des autorités. Le spectacle est insoutenable ! La bâtisse de trois étages, en deux blocs, abritant pas moins de 60 locaux, construite en plein milieu de la cité des Frères Lombarkia, ex-Parc à fourrage, est livrée au pillage et au vandalisme: portes arrachées ou défoncées, vitres brisées, compteurs d'électricité carrément disparus, volets de fenêtres cassés et abandonnés à même le sol, lampes et néons subtilisés et mêmes les gaines qui couvraient les fils électriques ont été arrachées. Le sol parsemé d'éclats de verre, jonché de canettes de bière, de bouteilles d'alcool et des objets héteroclites et autres saletés, traduit l'usage qui est fait de ces espaces, devenus une aubaine pour des jeunes désœuvrés qui s'y retrouvent chaque soir pour s'adonner à leurs libations au mépris des riverains, qui n'ont pas manqué d'exprimer leur appréhension quant à la réalisation même d'un tel projet au milieu de leurs habitations. Voilà ce qui est advenu d'une infrastructure, qui a dû coûter cher au contribuable, rentrant dans le cadre du programme du président de la République relatif à l'emploi des jeunes. Parmi les heureux bénéficiaires, faut-il le signaler, se trouvent des médecins, des chirurgiens dentistes, des avocats et encore d'autres qui ont opté pour diverses activités commerciales. Une fois le projet fini et après maints accrochages avec l'entrepreneur chargé de la réalisation, il y a eu, selon Nacer Belloumi, vice- président de l'APC, chargé du patrimoine, un tirage au sort en vue de la distribution des locaux aux bénéficiaires. Seulement, une fois les actes établis et les clés remises aux attributaires, ces derniers refuseront, selon le même élu, de s'y installer pour des raisons de non-conformité à l'usage. «Il ne nous reste plus qu'à annuler ces attributions et choisir d'autres postulants si les premiers acquéreurs n'auront pas emménagé d'ici deux mois», menace-t-il. De son côté, un jeune bénéficiaire, Nacer Baâtache, impatient de commencer à exploiter son commerce, affirme qu'il n'a toujours pas reçu le feu vert pour entamer son activité. Au moment où les uns et les autres s'échangent des accusations, cette réalisation en rade depuis plus de trois années est en train de couler, donnant ainsi un spectacle de gâchis monumental et constituant un exemple de mauvaise gestion, sachant qu'elle est située sur un terrain stratégique qui aurait pu servir à la construction d'un équipement beaucoup plus utile à la population. L'APC qui endosse déjà les frais du gardiennage serait prête à supporter les charges de réparation des dommages constatés. L'opération n'est pas du tout aisée car elle nécessitera sans aucun doute un nouveau gros budget tant les dégâts sont importants. Il est vrai, par ailleurs, qu'au niveau de la conception, l'erreur incombe au maître d'ouvrage. En effet, l'intérieur de la bâtisse en question donne l'impression d'une habitation; ce qui fera dire à un habitant du quartier: «Ils auraient mieux fait de distribuer ces locaux aux gens qui n'ont pas de logement». Cette infrastructure fait partie d'un projet global, faut il rappeler, de 533 locaux dispatchés dans différents sites et destinés à la résorption du chômage. Une question qui s'impose d'elle-même: à qui la faute ?