Abdelaziz Belkhadem s'est violemment attaqué, hier, à Bernard Kouchner et au RCD. S'exprimant à l'ouverture de la 4e session du conseil national de l'Organisation nationale des moudjahiddine (ONM), qui se tenait hier à l'hôtel El Riadh, à Alger, le secrétaire général du FLN, qui ne rate plus aucune occasion de marquer sa présence médiatique, a affirmé que «rien ne fera oublier aux Algériens l'horreur du colonialisme», faisant allusion aux propos du ministre français des Affaires étrangères qui a déclaré récemment que «la relation entre la France et l'Algérie sera peut-être plus simple lorsque la génération de l'Indépendance algérienne ne sera plus au pouvoir». Il assure ainsi que «le peuple algérien se souviendra à jamais de l'horreur du colonialisme français et de ses crimes contre les Algériens, leur mémoire, leur langue et leur patrie». Et d'ajouter : «L'histoire retiendra à jamais les sacrifices du peuple algérien ainsi que les pratiques barbares et les crimes avilissants du colonisateur français qui entachent la mémoire de l'humanité.» Contre les manœuvres de la France M. Belkhadem réitère dans ce contexte le soutien de son parti de toutes les démarches exigeant de l'Etat français la reconnaissance de ses crimes coloniaux. Tout en rappelant l'installation par la France d'une fondation pour la «mémoire de la guerre d'Algérie et des combats du Maroc et de Tunisie», le SG du FLN met en garde contre des manœuvres de l'ancienne puissance coloniale pour «ébranler les prochaines échéances nationales en Algérie» en «mettant les harkis au service de ses intérêts». Un des moudjahidine présents dans la salle a vite réagi à cette déclaration en disant que «ce sont les enfants des harkis qui nous gouvernent», créant ainsi un petit incident. Poursuivant son intervention, le premier responsable du FLN a appelé à la création rapide d'un conseil supérieur de la mémoire de la Nation, en application des dispositions de la loi sur le moudjahid et le chahid. Ce conseil, d'après lui, préserverait la mémoire collective du peuple algérien et constituerait une réponse «sèche» à ceux qui doutent de la véracité des faits et des données relatives à notre histoire. M. Belkhadem vise ainsi le RCD qui s'est interrogé quelques mois sur la fiabilité des chiffres donnés sur le nombre de chouhada et de moudjahidine. «Cette initiative constituera la meilleure réponse à ceux qui veulent semer le doute sur l'histoire de la lutte de l'Algérie et de son peuple voire sur le nombre de ses chouhada», a soutenu M. Belkhadem. Pour Saïd Abadou, secrétaire général de l'ONM, son organisation «demeure reconnaisse à ce que l'Etat français admette et s'excuse auprès du peuple algérien pour les crimes commis durant la période coloniale et l'indemnise pour les richesses spoliées durant 132 ans». Il affirme également que son organisation soutient l'initiative de parlementaires d'adopter une loi incriminant le colonialisme, en réponse à la loi française du 23 février 2005 glorifiant la colonisation. «C'est une position constante qui ne changera jamais quelles que soient les conditions et l'ONM soutient les parlementaires dans leur démarche pour adopter une loi criminalisant le colonialisme», a-t-il martelé. Interrogé sur la fiabilité des chiffres sur le nombre de chouhada et de moudjahidine, M. Abadou s'est contenté de rappeler que ces chiffres ont été fixés et validés par le conseil de la Révolution.