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Le problème russe le plus immédiat est celui qui oppose la République d'Ingouchie à celle d'Ossétie Arnaud Dubien. Directeur de recherche à l'IRIS (Paris, France), rédacteur en chef de Eurasia Intelligence Report.
La guérilla islamiste a frappé au cœur du pouvoir tchétchène le 18 octobre. Un commando rebelle a pris d'assaut le Parlement de la petite République du Caucase russe, faisant 3 morts et 17 blessés. Le spectaculaire incident vient rappeler que la Tchétchénie, ravagée par deux guerres sanglantes entre 1994 et 2000, n'est jamais vraiment sortie du cycle de la violence. -Après le dernier attentat de Grozny, peut-on dire que Moscou est incapable de réprimer l'insurrection islamiste ? C'est paradoxal, car la situation en Tchétchénie est plutôt stabilisée. Le président Kadyrov a réussi par la force et à l'aide de ses milices à semer la terreur et donc à mieux contrôler la Tchétchénie. Il est aussi parvenu à retourner des chefs de guerre en leur proposant beaucoup d'argent. L'argent que Moscou donne à Kadyrov a changé la donne dans la région et permis l'affaiblissement de la résistance islamiste. Par contre, la région du Daghestan est beaucoup plus explosive. -Le pari fait par Moscou sur le président Kadyrov vous paraît-il erroné ? A court terme, non. Le pari semble gagné pour les Russes. Je pense plutôt que Kadyrov réussit bien dans sa mission. Les Russes injectent beaucoup d'argent en Tchétchénie pour permettre sa reconstruction et le maintien de l'ordre. Ils ferment les yeux sur l'utilisation d'une bonne partie de cet argent qui est détournée, car leur préoccupation principale reste la stabilité de la région. Moscou a donné les clés de la Tchétchénie à Kadyrov qui en a fait son royaume avec l'instauration de la charia, l'obligation faite aux femmes de porter le foulard, etc. Et puis, il ne faut pas oublier la relation particulière qui s'est instaurée entre Kadyrov et Poutine. -Le Caucase est-il une région en guerre ? Le Caucase est une région instable depuis longtemps. Il y a toujours eu une multitude de problèmes qui sont apparus au fil du temps. On peut dire que la région est explosive du fait de la pauvreté et du manque de développement des infrastructures. La Russie donne beaucoup d'argent qui ne va pas toujours là où il devrait aller. Il y a beaucoup de problèmes de cohabitation au Caucase entre les différentes familles ethno-linguistiques qui composent les Républiques du Caucase-Nord. C'est pourquoi la région est le théâtre de plusieurs conflits armés internes et régionaux. Il constitue aussi une région pétrolière stratégique, traversée par les oléducs reliant la mer Caspienne à la mer Noire, où Moscou maintient une présence militaire. -Est-ce que l'instabilité de la région est le principal problème des Russes ? Moscou est très préoccupé par ce qui s'y passe, même si certains problèmes, comme la scission de la Tchétchénie, semblent réglés. Le plus urgent est celui qui oppose la République d'Ingouchie à celle d'Ossétie. Ce conflit peut devenir un réel problème intérieur russe. -Moscou est-il à court d'idées pour trouver une solution en Tchétchénie ? Pour la Tchétchénie, le pari est gagné. Mais Kadyrov peut très bien subir le même sort que son père qui fut assassiné en 2004. Si Kadyrov venait à disparaître, personne ne sait ce que la Tchétchénie pourrait devenir. Des problèmes très importants restent en suspens malgré l'injection, par Moscou, de beaucoup d'argent. Mais la corruption endémique du régime fait qu'il y a beaucoup trop de déperditions.