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Les Moscovites, victimes collatérales d'une guerre perdue dans le Caucase ?
Les limites de la lutte antiterroriste du tandem Medvedev-Poutine
Publié dans La Tribune le 06 - 04 - 2010

Les attentats du métro de Moscou ne sont pas inédits. Des attaques ont déjà meurtri la capitale russe depuis le début des années 2000, début de la deuxième guerre en Tchétchénie. Le métro de Moscou est ciblé le 6 février 2004, 41 personnes ont été tuées et 250 blessées. L'attaque est revendiquée par un groupe tchétchène inconnu «Gazotan Murdash».Deuxième attaque, le 31 août. Bilan : 10 morts et 51 blessés. Même le fait que la bombe humaine soit une femme n'est pas un fait nouveau. En 2003 déjà, un concert de rock avait fait l'objet d'un attentat à Moscou : deux femmes kamikazes, dont l'une au moins était tchétchène, avaitent actionné les bombes qu'elles portaient sur elles, faisant 15 morts et une cinquantaine de blessés. Idem en février et en août 2004 dans le métro de Moscou. Toujours des femmes.
De Moscou au Caucase
Dans la matinée de jeudi dernier, dans l'ouest du Daguestan, l'explosion d'une voiture bourrée d'explosifs suggère la propagation du conflit. Cette attaque est survenue alors que le chef de l'État russe, Dmitri Medvedev, se préparait à effectuer une visite surprise au Daguestan et à présider un conseil de sécurité avec les responsables du Caucase. Trois jours seulement après les attentats de Moscou. En Russie, l'heure n'est plus à la macabre comptabilité des victimes. L'heure est déjà passée à la façon de réagir et de contre-
attaquer. Mais d'abord, contre-attaquer contre qui ? Quelques pistes. Ainsi que l'explique Mirian Méloua, le Caucase du Nord est habité par une quarantaine de peuples aux cultures et aux langues différentes. Les uns forment un groupe unique, la famille nord-caucasienne, et leur présence est antérieure à l'ère chrétienne. Les autres appartiennent à la famille altaïque, venue d'Asie.
Troisièmement, deux peuples, venus à l'ère chrétienne, appartiennent à la famille indo-européenne. La difficile conquête engagée par la Russie à la fin du XVIIIe siècle se termine au XIXe siècle. Après la révolution de 1917, une Union des montagnards du Caucase se constitue sur la base d'un islamisme modéré et proclame son indépendance le 11 mai 1918 avec le soutien de la Turquie. Cette indépendance ne convient ni aux Armées blanches pro-tsaristes ni à l'Armée rouge de la Russie soviétique. Cette dernière engage la reconquête militaire du Caucase du Nord dans les années 20, des révoltes éclatent jusque dans les années 30. A l'exception des Ossètes orthodoxes, tous ces peuples sont généralement de religion musulmane, sunnite, plus rarement chiite. Certains d'entre eux furent christianisés, mais en réaction à la conquête russe, ils se tournèrent vers l'islam. La russification se poursuivra sans pour autant
parvenir à effacer les identités locales. Bien au contraire. Elles se sont radicalisées. Avec la chute de l'URSS, les identités nationales resurgissent. Des guerres se déclenchent, soit contre l'armée russe comme en Tchétchénie (1994 et 1999), soit entre républiques. En 1992, les milices ossètes massacrent des populations ingouches sans que l'armée russe intervienne, ce qui entraîne un exode de population vers l'Ingouchie. Depuis, malgré un dispositif sécuritaire renforcé (forces militaires, forces spéciales et nomination centralisée des «gouverneurs»), les autorités russes contrôlent difficilement cette région. Ces dernières années, le mouvement séparatiste tchétchène a pris une forte coloration islamiste. A la génération des Djokhar Doudaev ou Aslan Maskhadov, des dirigeants tchétchènes plutôt laïques et proches de Moscou, a succédé une autre génération, plus radicale et hostile à la Russie, dont Dokou Oumarov, dit Abou Ousman.
Les yeux braqués sur Oumarov
Dokou Oumarov, chef d'un groupe islamiste, menace d'exporter les conflits du Caucase dans les rues de Russie. Il est considéré comme l'électron libre de la guérilla tchétchène. Marie Jégo rappelle qu'après avoir fait ses armes lors de la première guerre de Tchétchénie, il côtoie tous les indépendantistes. Il fait un moment équipe avec Arbi Baraev, un personnage trouble et sanguinaire, auquel est attribuée la décapitation en 1998 de quatre ingénieurs britanniques venus installer un réseau de téléphonie mobile en Tchétchénie. Il serait impliqué dans l'enlèvement et l'assassinat du général russe Guennadi Chpigoun en 1999, aurait participé à l'attaque sur Nazran (capitale de l'Ingouchie) en juin 2004, serait l'un des instigateurs de la prise d'otages de l'école de Beslan (plus de 300 morts) en septembre 2004. Au moment de la seconde guerre russo-tchétchène, il se radicalise, devient adepte d'un islam dur d'obédience wahhabite. Il faut dire qu'entre-temps, il a perdu deux frères au combat et toute sa famille en Tchétchénie a été arrêtée (son père de 70 ans, son épouse et son enfant de 6 mois).Autre élément de son dossier, en décembre 2009 il prétend avoir ordonné l'attentat contre le Nevski Express, le train rapide Moscou - Saint-Pétersbourg. Les doutes quant à tous ces événements viennent du fait que la guérilla tend à s'attribuer tout ce qui est susceptible de la rendre plus forte. Ainsi s'est-elle attribué le naufrage du
sous-marin Koursk en 2001 ou l'accident de la centrale sibérienne Saïano-Chouchenskaïa en août 2009.«Emir» autoproclamé du Caucase, il a lancé un clair avertissement aux Russes et a expliqué vouloir venger une opération sanglante lancée par les forces spéciales russes en Ingouchie, le 11 février dernier. Oumanov est un ancien combattant de la première guerre de Tchétchénie (1994-1996) qui a succédé au président indépendantiste de Tchétchénie, Saïdoullaïev, tué en juin 2006 par les forces russes. «Dokou Oumarov est un ancien ingénieur, explique Minassian. Il est à la tête d'une ‘‘armée'' d'environ 1 000 hommes, dont 300 à 500 islamistes radicaux». En octobre 2007, Oumarov s'est aliéné les chefs historiques du combat pour l'indépendance tchétchène en se proclamant à la tête d'un «émirat du Caucase» dont la Tchétchénie n'est qu'une des provinces, au même titre que les autres républiques caucasiennes russes. Le Parlement tchétchène en exil l'a alors privé de la présidence. Malgré ce désaveu, il vise à inclure l'Ingouchie et le Daguestan.
Bilan de la lutte
antiterroristeLe double attentat dans le métro moscovite, qui a fait 39 morts le 29 mars dernier, est le plus meurtrier que la Russie ait connu depuis 2004. Commis selon les enquêteurs par deux femmes kamikazes, il constitue un traumatisme pour la population, entretenue dans l'idée ces dernières années que la lutte contre le terrorisme au Caucase était un succès. A quoi doit-on s'attendre ? Après la prise d'otages de Beslan, le Kremlin avait aboli l'élection des gouverneurs de région. A l'heure actuelle, le chef du Parti communiste, Guennadi Ziouganov, réclame le rétablissement de la peine de mort. Le député Viktor Zavarzine, membre de Russie unie, le parti au pouvoir, veut durcir la loi sur les migrations. La voix répressive est-elle la plus opportune ?Après avoir usé de la force, le président Poutine a tenté de résoudre le conflit en installant dès 2003 ce qui est considéré aujourd'hui comme une «dictature» locale, celle de Kadyrov père, puis fils. Cette confiscation du pouvoir par un chef de guerre ne constitue pas une solution politique, puisque les opposants sont réprimés par le nouveau pouvoir. La rancœur de la population tchétchène a grandi, profitant essentiellement aux islamistes présents. D'ailleurs, la guérilla tchétchène a réactivé un bataillon de kamikazes Ryad-us-Salihin («Le jardin des vertueux»). Une réactivation d'autant plus facile que, le climat de violence et d'impunité qui règne dans la zone, additionné aux exactions des forces fédérales, a fini par créer le terreau du mal qu'elles prétendaient combattre. D'ailleurs, des éléments de l'enquête sur l'assassinat en juin 2009 du ministre de l'Intérieur du Daghestan, Adilguereï Magomedtaguirov, sont significatifs. Il a été abattu par un tireur embusqué sur un toit dans la capitale daghestanaise. Or, parmi les suspects figurent deux militaires de la base de Botlikh, recrutés pour leur qualité de snipers. La Russie vient de restructurer l'ensemble du Caucase du Nord en une seule entité administrative, rappelle Gaïdz Minassian, un chercheur de la Fondation pour la recherche stratégique. La politique de Medvedev est-elle pour autant différente de celle de son prédécesseur ? Tatiana Lokchina, du centre de défense des droits de l'Homme Demos, juge son projet de modernisation peu efficace, notamment concernant les droits de l'Homme. Elle dénonce l'impunité des crimes commis dans le Caucase contre les représentants d'ONG et les civils. Selon Andreï Mironov, de Mémorial, «les terroristes et les partisans de l'éradication ont la même approche. Mais un Etat ne peut condamner le terrorisme tout en y ayant recours». Dans le même ordre d'idées, le quotidien des affaires Vedomosti est très sévère. Il juge que «le système de sécurité est en échec et [que] le budget secret du FSB n'est pas dépensé de façon efficace. Les précédents attentats ne nous ont rien appris. Les autorités n'ont rien fait pour renforcer le travail d'infiltration, le soutien à la jeunesse, l'amélioration des conditions de vie au nord du Caucase». Le pouvoir central russe s'est évertué à renforcer son contrôle sur le Caucase par divers moyens. Sur le plan économique, Moscou a décidé en 2007 que les investisseurs étrangers ne pourront acquérir le bloc de contrôle d'actifs dans des secteurs stratégiques de Russie qu'après aval du Service fédéral de sécurité de Russie (FSB).
La situation explosive du Caucase nord
Toute transaction conclue sans l'autorisation appropriée de la commission gouvernementale est contestée en justice et déclarée nulle et non avenue. Les investisseurs sont également soumis à l'obligation de respecter le secret d'Etat et doivent créer le personnel des organes d'administration constitué entièrement ou partiellement de Russes ayant accès au secret d'Etat. Sur le plan politique, le
président russe a promu Alexandre Khloponine en janvier 2010 gouverneur-général du nouvel okroug fédéral du Nord Caucase. Cet okroug comprendra le kraï de Stavropol constitué des républiques de Tchétchénie, d'Ingouchie, de Kabardino-Balkarie, du Daghestan, de Karatchaevo-Tcherkessie, d'Ossétie du Nord et de l'Alanie. Selon les spécialistes de la région, la nomination de Khloponine s'inscrit dans une logique de concurrence soft avec le Premier ministre Vladimir Poutine, qui a placé ses hommes de confiance à la tête des régions. Khloponine, proche de Medvedev, serait là pour relativiser la logique de hiérarchie quasi clanique instaurée par Poutine. Le nouveau gouverneur est à la fois un vice-Premier ministre, donc un représentant du gouvernement avec des pouvoirs économiques, et le représentant plénipotentiaire du Président, chef de l'Exécutif, donc ayant en main les leviers des forces de l'ordre, de la politique et de l'administration. Ces considérations russo-russes mises à part, le rôle principal de Khloponine concernera l'économie de l'okroug. Ainsi devra-t-il contrôler les dépenses budgétaires attribuées aux différents secteurs économiques. Manager de son état, il devra redresser l'économie de l'okroug en investissant davantage dans l'industrie et l'emploi dans une région particulièrement touchée par le
chômage et la pauvreté. L'un des buts visés par cette politique économique est de réduire la violence dont souffrent certaines républiques. Selon Marie Jégo, à Moscou, les échos de la guerre qui se poursuit dans le Caucase sont faibles à Moscou. Pourtant, les attentats ont continué, surtout dans le nord du Caucase du Nord, explique le politologue Vladimir Bribylovski, pour qui «aucun succès n'a été enregistré dans la politique menée depuis 1999 et la déclaration de Vladimir Poutine... La guerre dans le Caucase du Nord n'est pas terminée». La seconde vague d'attentats s'est produite au Daguestan, où les affrontements sont très fréquents. Voisine de la Tchétchénie et de l'Ingouchie, cette république est habitée par quelque 2,5 millions d'habitants de multiples ethnies, majoritairement musulmans.L'année 2009 fut particulièrement violente. Chaque jour étant ponctué de violences, d'enlèvements ou de meurtres. Officiellement, 6 groupes armés clandestins sévissent dans cette république, rassemblant 150 combattants. Or, selon le ministère de l'Intérieur, 150 «terroristes» auraient été tués au cours de l'année 2009. Selon des organisations de défense des droits de l'Homme, cette instabilité est en partie due au comportement des forces de l'ordre locales, qui usent de la «force légitime» de manière
illégale et disproportionnée, en toute impunité. En janvier 2010, le président de la Fédération de Russie, Dmitri Medvedev, a enjoint le FSB à poursuivre sa politique dans le Nord Caucase. «Notre politique demeure inchangée. Il faut tout simplement les détruire,
de manière inflexible et systématique, c'est-à-dire régulièrement.» Sur ce point, le Président semble partager les méthodes de son Premier ministre, Vladimir Poutine, lui aussi partisan de la ligne dure en matière de lutte contre le terrorisme. Cela signifie-t-il qu'ils aient raison, ou au contraire qu'ils se trompent tous les deux ? Le temps qui est souvent le meilleur juge semble déjà avoir répondu à
cette question.
L. A. H.


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