Un petit groupe de rebelles a attaqué hier le Parlement tchétchène à Grozny, tuant huit personnes avant de se faire exploser ou d'être tués, une attaque spectaculaire dans cette République du Caucase que Moscou ne parvient pas à pacifier. La Tchétchénie est une république appartenant à la Fédération de Russie marquée par deux guerres civiles dont les braises ne sont toujours pas éteintes. Les mouvements indépendantistes ont marqué le pas mais sans pour autant abandonner le combat. Un kamikaze a fait sauter sa ceinture d'explosifs à proximité du Parlement avant que trois insurgés ne pénètrent à l'intérieur du bâtiment. Une fusillade s'est alors produite entre les terroristes et les forces de l'ordre. «Les quatre terroristes ont été abattus et deux policiers ont perdu la vie au cours de l'opération», a déclaré le ministère de l'Intérieur tchétchène, démentant l'existence d'une prise d'otages. La situation sécuritaire en Tchétchénie reste précaire malgré une baisse des attaques et autres attentats. Le Caucase demeure une région instable où la le calme est précaire. Si le Kremlin affirme que la situation reste sous contrôle, le 9 septembre dernier, un attentat suicide avait été commis sur le marché de Vladikavkaz, en Ossétie du Nord, tuant quinze personnes. En mars dernier, une attaque terroriste commise par des rebelles tchétchènes avait fait 40 morts et au moins 102 blessés à Moscou. Elle avait été revendiquée par Dokou Oumarov, chef des insurgés tchétchènes de «l'Emirat du Caucase», Etat, bien sûr, non reconnu qui a succédé à la République tchétchène d'Itchkérie. Cette opération de la rébellion qui ensanglante tout le Caucase et que Moscou n'arrive pas à juguler depuis plus de quinze ans est la plus spectaculaire en Tchétchénie depuis une attaque de grande ampleur, fin août, contre le village natal du président tchétchène. Après la première guerre de Tchétchénie (1994-1996) entre forces russes et indépendantistes, la rébellion s'est progressivement durcie et a de plus en plus débordé les frontières tchétchènes pour se transformer au milieu des années 2000 en un mouvement armé actif dans tout le Caucase du Nord. Les républiques de cette région montagneuse du sud de la Russie, comme l'Ingouchie, le Daguestan et la Tchétchénie, sont presque quotidiennement le théâtre d'attaques, d'embuscades ou d'attentats. Au printemps 2009, le gouvernement russe avait annoncé la fin de «l'opération antiterroriste» en vigueur en Tchétchénie depuis près de dix ans. La rébellion nationaliste tchétchène qui prône le départ des Russes de cette région, a notamment revendiqué le double attentat suicide du mois de mars dans le métro de Moscou, un attentat qui a fait plus d'une quarantaine de morts. R. I.