-Théatre/Cinéma : Architectes, levez-vous ! La générale de la pièce de théâtre L'Architecte et l'Empereur, mise en scène par Sid Ahmed Draoui, a été programmée mercredi dernier au Mougar. L'adaptation en Algérie de la pièce du grand dramaturge espagnol Fernando Arrabal, L'Architecte et l'empereur d'Assyrie (1966) est un beau pari artistique. C'est une des pièces contemporaines les plus jouées au monde. Elle ne parle pas d'architecture, du moins tel qu'on peut le supposer, mais elle intéresse tous ceux qui veulent construire quelque chose dans leur vie… Cependant, signalons ici l'excellente initiative de l'architecte Halim Faïdi qui a organisé, il y a quelques jours, dans la salle privée Le Little Rex d'Hydra, une projection du fameux documentaire My Architect (2006), sur la vie et l'œuvre de Louis Kahn. -Le savier-vous ? : Ce qu'un parler veut dire Selon l'Unesco, 7000 langues sont actuellement parlées dans le monde. La moitié d'entre elles le sont par moins de 10 000 personnes. L'Afrique compte environ un tiers des langues du monde, avec plus de 2000 recensées, parlées par des communautés généralement petites. Mais c'est la Papouasie-Nouvelle Guinée qui détient le record de la plus grande diversité linguistique, avec plus de 800 langues ! Il existe même des langues qui ne sont «parlées» que par une seule personne. Ainsi, en 1992, avec le décès d'un certain Tevfik Esenç, la langue oubykh de Turquie a définitivement disparu, de même que la langue eyak de l'Alaska (USA) en 2008, avec le décès d'une certaine Mary Smith Jones ! Selon l'Atlas Unesco des langues sont en danger, près de 200 langues ont disparu au cours des trois dernières générations. On estime enfin que tous les 15 jours une langue se meurt. Petit exercice de calcul : s'il reste 7000 langues, dans combien d'années, à ce rythme de disparitions, l'humanité ne parlera-t-elle plus qu'une seule langue ? Bien sûr, les choses ne sont pas aussi simples. Mais ce qu'il faut retenir, c'est qu'à chaque langue de perdue, une vision du monde, une façon de penser et toute une richesse culturelle s'en vont dans le néant. -Peinture à Blida : L'immense Baya Eh bien, Blida a eu la même idée que Guelma, en mettant à l'honneur l'une de ses plus belles roses, Baya Mahieddine, dont l'œuvre continue de rayonner sur l'art algérien après son décès en 1998. Elle avait 16 ans, en 1947, quand la galerie Maëght de Paris, une des plus prestigieuses au monde, lui organise sa première exposition avec un catalogue signé par André Breton, père du surréalisme. Edmonde Charles-Roux, aujourd'hui, présidente de l'académie Goncourt lui consacre un article dans Vogue. La jeune Baya côtoie alors Picasso et Braque. La direction de la culture de la wilaya organise son premier Salon des arts plastiques en hommage à cette artiste au parcours extraordinaire. Selon les organisateurs, une vingtaine d'artistes participeront au salon, programmé sur cinq jours à partir du 3 novembre. Mais on ignore si une exposition de Baya aura lieu. Cette artiste a-t-elle eu droit, un jour, à une exposition dans sa propre ville ? -Colloque à Guelma : L'astre Nedjma On a dit de Kateb Yacine qu'il était l'homme d'une seule œuvre, ce qui est bibliographiquement faux, mais vrai quand on considère l'importance cardinale de son unique roman, Nedjma (1956), sur sa production littéraire diverse. La ville de Guelma, qui a décidé de s'investir dans la vie et l'œuvre de cet écrivain, enfant du pays, réédite son colloque international sur Kateb Yacine. Pour cette deuxième édition, le thème choisi est justement : «Nedjma, modernité, esthétique et héroïsme romanesque». Une quinzaine de conférenciers, dont huit étrangers, viendront, du 26 au 30 octobre, décortiquer cette œuvre de dimension universelle à l'université de Guelma, organisatrice de la rencontre avec l'Association de wilaya pour la promotion du tourisme. Ah ! Si chaque ville avait l'intelligence de promouvoir ses grands écrivains et artistes. -Objet-culte : Le ticket de la RSTA Avec la capsule des sodas Hamoud Boualem, le ticket de l'ancienne Régie syndicale des transports algérois, aujourd'hui Etusa, est un des rares objets-culte de l'histoire de la ville. Des millions d'Algériens l'ont tenu dans leurs mains. Il a traversé, avec les générations, plusieurs périodes, traînant dans nos poches, sur les trottoirs ou les tables de café. Il ne traînera plus que dans nos mémoires, puisqu'il va disparaître au profit des cartes magnétiques. Vive le progrès mais prenez le «trolley» si vous voulez en garder un. -Prix littèraire : Allez Bachi, Aïssaoui ! Après la 2e sélection du Renaudot du 19 octobre, Salim Bachi demeure nominé pour son roman Amours et aventures de Sindbad le marin (Gallimard). Prochaine sélection le 2 novembre. Pour les essais, le Renaudot a retenu L'Affaire de l'esclave Furcy, de Mohamed Aïssaoui, histoire vraie d'un esclave de la Réunion qui attaqua en justice son maître durant un procès de 27 ans ! Ce qu'il y a d'amusant, c'est que cet «essai» a reçu déjà le 15 octobre, le Prix du roman historique 2010, aux Rendez-vous de l'histoire de Blois et qu'il est aussi nominé parmi les 6 romans du Prix Interallié. -JCC 2010 : Un voyage à Alger d'Abdelkrim Bahloul en lice Les Journées cinématographiques de Carthage démarrent aujourd'hui, avec 12 longs-métrages en compétition, dont Un voyage à Alger (2009) d'Abdelkrim Bahloul. Il concourra donc pour le Tanit d'or aux côtés de trois films tunisiens : Fin décembre de Moez Kamoun, Chronique d'une agonie de Ayda Ben Aleya et Les Palmiers blessés d'Abdelatif Ben Amar, coproduit avec l'Algérie. Du Maroc viendra La Mosquée de Daoud Aouled Syad ; de Syrie, Once again de Jouid Saïd ; d'Egypte, Microphone d'Ahmed Abdallah et Messages from the sea de Daoud Abdel Sayed ; du Liban, Chaque jour est une fête de Dima el Horr ; d'Afrique du sud, State of violence de Khalo Mata Bene et Shirley Adams de Oliver Hermanus et, enfin, d'Ouganda, Imani de Caroline Kamya. Dans la compétition documentaire, Malek Bensmaïl présentera La Guerre secrète du FLN en France, diffusé fin septembre sur la chaîne France 2. Avec un hommage à Rachid Bouchareb, les Tunisois pourront découvrir Hors-La Loi et trois autres de ses films. Une rétrospective sera consacrée aux cinémas des pays de l'ex-Yougoslavie. Enfin, un colloque est prévu sur «Les cinémas du Maghreb et leurs publics». -Théatre : L'amour réciproque En dehors des trois coups qui annoncent le lever de rideau, ce qui a frappé durant le Festival international du théâtre d'Alger qui s'achève demain, c'est l'extraordinaire engouement du public. La salle Mahieddine Bachetarzi du TNA a affiché complet tous les jours et même le poulailler était parfois archicomble. Le programme y était pour quelque chose. Mais ce qu'il faut retenir, c'est que les Algériens aiment le théâtre. Et comme dans tout amour, ils ne demandent que la réciprocité. -Oran : Musiques en rues Samedi dernier, la capitale de l'Ouest a résonné agréablement avec les sons de la "Promenade musicale" organisée par l'Office des arts et de la culture de la ville en collaboration avec un collectif de six associations locales : Bel Horizon, AFJA, Istijmam, Les nomades algériens, Smile et Santé Sidi El Houari. Ce joyeux défilé a démarré dans la matinée à partir duThéâtre régional d'Oran, Abdelkader Alloula, pour se rendre au jardin Ibn Badis, l'ex-promenade Letang. L'objectif de l'opération consistait à produire une animation artistique urbaine, mais également à attirer le regard (et la responsabilité) des Oranais sur ce magnifique jardin devenu, depuis quelques années, un endroit à l'abandon. De très nombreux citoyens ont suivi la promenade musicale, partageant son allégresse et n'hésitant pas à y participer. Mettre l'art «dans la rue» est un enjeu très sérieux quand tant de mauvais esprits souhaitent le mettre «à la rue».