Le Théâtre national algérien Mahieddine- Bachtarzi a abrité, jeudi passé, à 19h, la générale de sa nouvelle production Nouzha fi ghadhab, mise en scène par Djamel Guermi. Elle a été adaptée par Nabil Asli, à partir de deux textes : Promenade sur le front de Fernando Arrabal et La colère d'Eugène Ionesco, deux grands dramaturges versés dans le théâtre de l'absurde.Le texte de l'adaptation est léger, frais, sans complication aucune et dans lequel le public se retrouvait. Nouzha fi ghadhab, c'est trois espaces scéniques : le couple, la guerre et, enfin, la speakerine. C'est dans un véritable boucan que cette pièce démarre. Les comédiens et comédiennes (12 en tout, dont Adila Bendimerad, Yasmine Abdelmoumen, Nabil Asli…) parlent, chantent, le public a du mal à comprendre. Une véritable cacophonie. Ils sont tous ensemble. La distanciation débute au moment où commence le flash d'information. C'est à ce moment là que les frontières se tracent. Certes, la séparation est bien visible avec des carrés, l'un jonché de paquets cadeaux, pour le couple, l'autre, une surface sablonneuse pour le soldat. La speakerine, elle, passe, soit derrière, soit devant, soit au milieu. Trois espaces en perpétuel conflit. Un conflit traduit par l'exagération dans le jeu, le costume et la mimique. Une exagération ayant pour seconde peau le grotesque. Abordant par la même l'absurdité du monde et de la vie. Absurdité due non à l'existence, à la fatalité ou au destin mais tout bonnement aux choix pas tout le temps bons et aux comportements de l'être humain dans son quotidien. Il y a le couple qui s'aime et qui s'entredéchire ; les deux soldats — pour l'un, ses parents sont venus lui rendre visite – qui se font la guerre sans pour autant savoir pourquoi ; la speakerine qui tombe comme un cheveu sur la soupe pour n'annoncer que de mauvaises nouvelles, aussi abracadabrantes qu'insensées. Dans cette pièce, c'est la caricature de la société à travers la bêtise humaine. Tous les personnages sont négatifs. Parler de rémission ou d'amélioration serait grotesque. L'espoir est infime, quasi inexistant. Durant presque une heure trente, plus les scènes se succédaient, plus l'absurdité et le grotesque prenaient de l'ampleur. Un délire loufoque, voire une bouffonnerie qui a fait rire le public. L'absurde et le grotesque étaient tellement présents qu'on avait oublié l'essence même de la pièce : la cohésion.