Al Qaïda au Maghreb Islamique, ex-GSPC, possède encore ses propres territoirs dans la région. «Ce sont les zones libérées des terroristes», dit notre interlocuteur. Une sorte de no man's land où les groupes armés font à peu près ce qu'ils veulent. Ils leur arrive même d'organiser des parties de football sur un terrain vague situé non loin de Ouanougha. Là, si on y va, on est sûr de tomber sur eux. En descendant de Sidi Ali Bounab pour rejoindre la ville des Issers, en passant par Ath Sidi Amara, des villages entiers sont abandonnés. Idjalouahene, c'est presque un village sinistré. Quelques habitants y demeurent encore, mais la plupart ont plié bagages. L'école du village est fermée depuis des années. Non loin de là se situe le village Bougheïr. Hormis un seul père de famille, un sourd-muet qui a choisi d'y rester, le reste des habitants ont tous quitté les lieux. Depuis quelques années déjà, personne ne risque de s'aventurer dans ces contrées, de jour comme de nuit, précise notre accompagnateur. La forêt qui sépare les deux villages garde toujours les traces d'un important ratissage. La route est défrichée au milieu des bois, pour ouvrir le chemin aux troupes de l'ANP. Par ouï-dire, cette région, située au contrebas de Sid Ali Bounab, sert de refuge aux éléments de l'organisation terroriste. Ils sont souvent signalés près du château d'eau situé sur une crête où l'on peut dominer la ville des Issers, Bordj Menaïel et l'autoroute d'Alger vers Tizi Ouzou. Sur la route du retour vers les Issers, nous traversons le village de Ouanougha. Un habitant de la région nous montre un pont qui a longtemps servi de cache aux terroristes ! Souvent les éléments du GSPC observaient les services de sécurité qui disparaissaient soudainement en arrivant ici. Finalement, ils avaient une casemate sous le pont. Et cela n'a été découvert que le jour où les autorités locales avaient décidé de réfectionner l'ouvrage d'art ! Non loin de là, une grande villa est abandonnée par ses habitants. Notre source indique que ses propriétaires étaient tellement harcelés par les terroristes qui les rackettaient, qu'ils ont fini par renoncer à une très jolie bâtisse située à la lisière du village. Selon la même source, «les éléments de l'ex-GSPC avaient l'habitude de se réunir sous un olivier centenaire, situé à côté de la maison. Et vous imaginez tous les risques et la terreur que cela engendre de voir des terroristes se réunir devant chez vous». Notre accompagnateur nous montre, non loin de là, l'endroit où les terroristes organisent leurs faux barrages. «En effet, depuis que les patriotes ont rangé leurs armes, c'est un peu la débandade», soulignent des habitants de la région.