La ville côtière de Cherchell a connu une forte affluence ces derniers mois. Parmi les citoyens, beaucoup de nostalgiques regrettent la ville d'antan, notamment la courtoisie de ses habitants, la propreté des quartiers, ses senteurs et la beauté de ses multiples espaces verts. Cette carte postale de la ville qui avait suscité beaucoup d'inspiration chez les artistes s'est transformée aujourd'hui en un cauchemar pour toutes ces familles qui venaient s'évader pour passer quelques moments agréables dans les murs de l'ex-Césarée. Il suffit de se rendre au marché public qui se trouve en plein centre-ville pour mesurer le degré extrême de déliquescence. Les montagnes de détritus sont alimentées par les commerçants. En été, les odeurs nauséabondes qui se dégagent de ce lieu public agressent ceux qui convergent de tous les points cardinaux vers ce marché. En hiver, la boue et la saleté s'imposent dans ce décor hautement pollué. En fait, la disponibilité des aliments constitue l'arbre qui cache la forêt. L'absence d'hygiène ne semble nullement inquiéter les gestionnaires des affaires publiques locales. Des commerçants venus de nulle part s'installent là où ils veulent. L'adjudicataire se soucie uniquement d'empocher les dinars, alors tant mieux pour lui si le nombre des vendeurs se multiplie par milliers mêmes si ces derniers ne disposent même pas des documents officiels pour s'adonner à une activité commerciale. On dirait que l'administration du commerce, hormis les statistiques qu'elle communique à sa tutelle pour justifier sa présence dans la wilaya de Tipaza, ne prend jamais la peine d'agir, afin de mettre fin à l'amplification de ce phénomène des vendeurs illégaux dans les marchés publics. Les trottoirs sont squattés par des individus qui veulent à tout prix coller leurs produits incontrôlés aux passants. La législation réglementant l'activité commerciale n'est jamais respectée. C'est le fruit de l'exode rural et des déperditions scolaires qui se confondent avec la crise sociale et celle du chômage. Des femmes et des hommes intimidés par le comportement arrogant de ces vendeurs illégaux ont droit à des insultes et à des propos obscènes au cas où ils souhaitent acheter non pas la marchandise proposée mais celle qu'ils désirent. L'impunité et le laisser-aller ont encouragé ces individus à persister dans leur attitude. Les rares éléments de la Sûreté nationale qui se promènent dans le marché public se contentent de contempler l'état lamentable du lieu où ils ont été affectés. Chaque responsable tente de se justifier pour dégager sa responsabilité inhérente à la dégradation de cet endroit de vente et du climat insupportable qui règne dans ce marché. Quand la foule grossit, des vols et des rixes se produisent et créent pendant des moments éphémères la panique. Au crépuscule, les animaux errants, les souris et les rats, investissent les multiples monticules qui se sont formés durant le jour. Dans l'obscurité, quand ce paradis des hors-la-loi est déserté par cette faune de vendeurs qui bénéficient de l'impunité et de la complicité, des gamins et des gamines tenant des sachets, fouillent aux côtés des chiens errants et des chats de gouttières les décharges pour essayer de récupérer des légumes, des os et des morceaux de viande crus enfouis dans ces points insalubres. Les pratiques commerciales illégales dans ce marché communal, la violence des mots des vendeurs, l'anarchie et le désordre, l'absence d'hygiène et de contrôle sont autant de maux qui caractérisent le quotidien d'un marché fréquenté par des milliers de ménages. En revanche, l'adjudicataire continue à empocher les centaines de milliers de dinars quotidiennement, en se fichant allègrement des règlements et de l'inquiétude des citoyens impuissants, qui sont obligés de se rendre dans ce marché pour s'approvisionner en produits alimentaires.