Le sommet de l'Association des nations d'Asie du Sud-Est (Asean) qui s'est ouvert samedi 29 octobre à Hanoi a été l'occasion de traiter de plusieurs équations, dépassant largement le cadre asiatique. Il y eut ainsi, lors de cette rencontre, plusieurs sommets : Washington cherchait à renforcer les alliances régionales contre Pékin, la Chine et le Japon tentaient de dépasser leurs querelles territoriales, le Vietnam négociait avec la Russie pour la construction de sa première centrale nucléaire. Le 17e sommet d'Asie de l'Est s'est ainsi ouvert, en présence des dirigeants de 16 pays de la région et sous le regard des Etats-Unis et de la Russie. Pour la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, qui a fait le déplacement dans la capitale vietnamienne, le sommet des pays asiatiques aura été une opportunité inespérée permettant aux Etats-Unis de se positionner en Asie afin d'agir en contrepoids de la puissance régionale chinoise. Washington chercherait, selon des observateurs, un soutien parmi les pays asiatiques à ses tentatives de faire ployer Pékin sur sa monnaie, à la veille du G20 à Séoul. En projetant l'attention sur la faiblesse du yuan, les Etats-Unis voudraient faire oublier la politique monétaire de la FED, qui active à tour de bras la planche à billets, alimentant les afflux de capitaux dans la région et entraînant des risques d'une bulle spéculative. Par ailleurs, Les relations entre la Chine et les Etats-Unis ont été examinées lors d'un entretien entre responsables des deux pays samedi soir en Chine, selon l'agence de presse Chine nouvelle. Mais ce sont principalement les tensions entre la Chine et le Japon qui ont dominé le sommet de Hanoi. Le Japon et la Chine se sont enfoncés dans la crise ces dernières semaines, Pékin accusant Tokyo d'avoir délibérément menti et «ruiné» l'atmosphère nécessaire à une possible rencontre entre les Premiers ministres des deux pays. Leur querelle remonte à l'arraisonnement, début septembre, d'un chalutier chinois par les gardes-côtes japonais dans des eaux disputées en mer de Chine orientale. Cette crise préoccupe aussi les 10 pays de l'Asean (Birmanie, Brunei, Cambodge, Indonésie, Laos, Malaisie, Philippines, Singapour, Thaïlande, Vietnam), dont certains sont aux prises avec Pékin sur des problèmes similaires dans des archipels de mer de Chine méridionale. Une certaine volonté d'apaisement a cependant été constatée sur ce second dossier, la Chine se montrant prête à débattre d'un «code conduite» en cas de différends. Mais Pékin a insisté sur sa volonté de résoudre bilatéralement ces querelles territoriales, quand l'Asean, soutenue par les Etats-Unis, réclame des discussions multilatérales. «Nous travaillerons ensemble au maintien de la paix et de la stabilité en mer de Chine du sud et travaillerons de façon bilatérale pour résoudre les querelles de façon appropriée», a indiqué le Premier ministre chinois Wen Jiabao, selon le site du ministère des Affaires étrangères. Loin des querelles politiques, le président russe Dmitri Medvedev qui s'est aussi déplacé pour l'occasion, a profité de son séjour à Hanoi pour conclure des affaires. Le Vietnam et la Russie ont conclu dimanche à Hanoi un accord pour la construction de la première centrale nucléaire vietnamienne estimée à quelque 4 milliards d'euros, selon les agences de presse. Selon la déclaration finale du sommet, les dirigeants des 10 pays membres de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN) et de la Chine, du Japon, de la Corée du Sud, de l'Inde, de l'Australie et de la Nouvelle Zélande se sont mis d'accord pour renforcer la coopération dans cinq secteurs prioritaires : l'éducation, les finances, l'énergie, et la gestion sur les catastrophes, ainsi que la prévention de la grippe aviaire. Les participants ont réaffirmé leur volonté d'intensifier leurs efforts à travers le dialogue et la coopération pour étudier la possibilité de créer la zone de libre-échange d'Asie de l'Est. La réunion a aussi décidé d'intégrer la Russie et les Etats-Unis à l'EAS à partir de 2011.