Artifariti, rencontre internationale des arts, s'est déroulée du 15 au 29 octobre dans les territoires libérés du Sahara occidental, à Tifariti. Cet événement est organisé chaque année par l'Association des amis du peuple sahraoui de Séville (Espagne) et le ministère de la Culture de la République arabe sahraouie. - Quel est le but d'Artifariti ? Artifariti vise à transformer la ville de Tifariti en un pôle d'art contemporain, qui sera le porte-parole de la cause sahraouie. Le premier objectif de cet événement est de revendiquer la liberté du peuple sahraoui et de condamner toute forme de colonialisme. - Combien d'artistes y ont participé ? L'Algérie participe pour la troisième année consécutive. C'est le seul pays arabe qui y a participé. Pour cette édition, environ 70 artistes de différentes nationalités (Espagne, Irlande, Argentine, Colombie, Allemagne, USA, Sénégal, Italie...) ont participé à l'événement, aux côtés d'artistes sahraouis, bien sûr. L'Algérie a participé avec 12 artistes de différentes spécialités : artistes peintres, designers, photographes, graphistes qui ont présenté un travail collectif intitulé Traces. Ce travail regroupe plusieurs formes d'expression artistique : la vidéo-art, l'action painting, la performance, l'art de la scène. Le tout a été présenté au public sous forme de spectacle. Un spectacle qui exprime le combat du peuple sahraoui à travers l'histoire avec des références historiques. C'était l'occasion de faire un clin d'œil aux artistes engagés qui ont servi le combat de la liberté tels que Picasso (Guernica) et Goya (Les fusillés). - Vous participez à cet événement pour la troisième fois, quel changement avec les années précédentes ? L'évolution est très positive, que ce soit sur la qualité des œuvres réalisées ou le choix des thèmes. Il y a eu beaucoup de débats sur l'art et l'engagement, l'art comme outil de pression sur les gouvernements... L'évolution était aussi visible par rapport au nombre d'artistes de différentes nationalités, qui augmente à chaque édition. - L'artiste algérien est-il un artiste engagé ? Dans un premier lieu, l'engagement ne peut être qu'«humain». C'est plutôt un homme qui souffre de la situation que vit l'autre. A ce stade, on oublie notre profil, qu'on soit artiste, médecin ou jardinier. Le sentiment est le même, je pense que c'est une erreur quand on dit que les artistes sont sensibles... Enfin, c'est un autre sujet… - Que peut apporter un engagement artistique pour la cause sahraouie ? Quand l'engagement des artistes est sincère, l'art peut régler des problèmes créés par les politiques. Un artiste est comme un militaire, s'il est désarmé il finira par fuir le combat. L'arme de l'artiste n'est pas son pinceau, mais plutôt l'engagement sincère qui donne naissance à une œuvre forte, à une symbolique frappante. Cela m'amène à parler d'un art efficace, d'un art qui sert l'être humain. Aujourd'hui, le peuple sahraoui n'a pas besoin d'une Joconde, ni d'une œuvre esthétiquement belle, il a surtout besoin d'un art qui parle de sa souffrance, d'un art qui appelle les puissants de ce monde à réagir, un art porteur de valeurs humaines. La philosophie d'Artifariti va dans ce sens, d'où son efficacité. - Comptez-vous exposer le travail collectif Traces à Alger ? Oui, on a l'ambition de faire une tournée, non seulement à Alger, mais une tournée nationale, même internationale. La cause sahraouie est peu médiatisée, voire censurée surtout en Europe.