Christian Lecomte, journaliste et romancier, a vécu six ans en Algérie, entre 1999 et 2005. Il y assurait la correspondance avec le quotidien suisse Le Temps et Radio Suisse Romande. A la faveur du 15e Salon international du livre d'Alger (Sila), qui s'est achevé le 6 novembre, il est revenu avec dans les bras un nouveau roman, L'interdite d'Alger, publié à Genève aux éditions Zoé. «Mina, le personnage central du roman, est une Bosniaque musulmane qui a épousé un diplomate occidental, peut-être suisse. Elle arrive à Alger pour accompagner son époux désigné à un poste. Elle découvre Alger enfermée chez elle», raconte-t-il. A la fin des années 1990, les diplomates occidentaux en poste à Alger étaient astreints à un régime strict de déplacements pour des considérations sécuritaires, d'après la thèse défendue à l'époque par les autorités. Avant d'arriver à Alger, Christian Lecomte était à Sarajevo pour couvrir les événements tragiques pour le quotidien français Le Monde (le siège de Sarajevo est considéré comme le plus long des temps moderne, il a duré de 1992 à 1996). Le passage entre la Bosnie et l'Algérie lui a donné une idée de roman. Mina garde le traumatisme des bombardements de Sarajevo. Elle tente alors de faire un parallèle entre sa ville natale et la capitale algérienne. «C'est donc une errance, une promenade. On découvre une personne avec sa douleur. Avec les rumeurs, les lectures et la rencontre avec les personnes. Khadidja, la femme de ménage, l'aide à sortir en se déguisant et à découvrir la ville», explique le romancier. Pourquoi est-elle «interdite» ? «Elle est également interdite parce qu'elle est figée dans ses souvenirs. C'est donc autour de cela que j'ai bâti le livre», répond Christian Lecomte en précisant que ce n'est pas une autobiographie. «Je suis en train d'écrire un autre roman qui se situe entre Alger, Paris et Genève. C'est l'histoire d'un enfant renvoyé de France vers l'Algérie. Il y grandit. Après, il sera renvoyé vers Genève. Je n'ai pas encore tout dit sur mon séjour algérois. Je travaille toujours là-dessus.» Camille, 6 ans, la fille de Christia, est née à Alger. «Algéroise, elle le revendique. Elle est née à Bouzaréah à la croisée des vents. Mes amitiés restent intactes avec les personnes que j'ai connues ici. Quand je reviens à Alger, je rends visite à mes amis. A Alger, je me sens chez moi. Tous les ans, je reviens comme touriste», ajoute-t-il, en confiant être toujours supporter du MCA. Christian Lecomte est auteur d'un autre roman inspiré du drame bosniaque, Le jour où j'ai tordu mon pied dans une étoile. Ce roman a reçu le prix spécial de l'Unicef en 1998. Il est également auteur, avec le photographe Jérôme Brézillon, de Sarajevo, ville captive. «Nous, journalistes, écrivons sur ce que nous voyons. Le roman permet également d'aborder cette réalité.»