Le mouvement palestinien Hamas accusé de terrorisme, et de vouloir la destruction d'Israël, malgré les déclarations de ses plus hauts responsables à l'image de son fondateur cheikh Ahmed Yassine, assassiné en avril 2004 par l'armée israélienne, vient tout simplement de piéger la classe politique israélienne. Il a dit aux Israéliens ce que tous leurs leaders refusent d'entendre, une autre vision sur ce mouvement qui tend à se transformer en parti politique sans renoncer à la lutte armée comme moyen d'arriver à la satisfaction des droits nationaux du peuple palestinien. Effectivement, un haut responsable du Hamas n'a pas écarté des négociations avec Israël, lors d'une interview, tout à fait exceptionnelle, diffusée hier par la radio publique israélienne. « Les négociations ne sont pas notre intention, mais un moyen. S'il nous permet de libérer nos terres, libérer nos gens détenus en Israël et reconstruire ce qui a été détruit par l'occupation israélienne, nous pourrons effectivement discuter », a déclaré Mahmoud Zahar. Le message est d'une extrême clarté : on ne négocie pas avec celui qu'on veut détruire. Reste alors la manière ou encore la procédure si jamais un tel appel était entendu par l'autre partie. Ce responsable n'a pas écarté a priori de telles négociations après les élections palestiniennes, déclarant en réponse à une question : « Cela va dépendre de l'autre camp. Or, les Israéliens n'ont pas l'intention de négocier mais continuer comme avant. » « Attendons les élections, les choses seront plus claires après », a-t-il ajouté. Comme il fallait s'y attendre, Israël a minimisé la portée de ces déclarations considérant qu'elles avaient pour but d'alléger sa pression contre la participation de cette formation aux élections de janvier. Il a appelé Israël à se retirer pour son propre intérêt de la Cisjordanie, en particulier d'El Qods-Est, pour sa « dignité » et pour « donner une chance aux Palestiniens ». Il a écarté, par ailleurs, tout désarmement du Hamas et réaffirmé qu'Israël est un « corps étranger » au Proche-Orient, et cela après avoir clarifié les objectifs ultimes du Hamas en parlant des territoires palestiniens occupés depuis 1967, sans que la mention soit explicitée. Dans une interview accordée fin octobre à un journal israélien, M. Zahar avait réaffirmé la position de principe du Hamas pour la création d'un Etat palestinien sur toute la Palestine mandataire britannique, englobant à la fois Israël et les territoires occupés. Il avait souligné que pour le Hamas, le retrait israélien des territoires occupés depuis juin 1967, « ne constitue qu'une étape dans la lutte », l'objectif stratégique restant toute la Palestine. « Si certains Israéliens croient que nous avons renoncé à notre combat historique en ne parlant que de la Cisjordanie et de la bande de Ghaza, ils se trompent lourdement », a-t-il affirmé. Toutefois, il n'avait pas écarté une modification de la charte du Hamas de 1988, qui prône la destruction d'Israël. Comme si cela lui permettait de le rayer de la carte politique palestinienne, et d'ignorer son poids, le gouvernement israélien s'oppose à la participation du Hamas aux législatives palestiniennes et a menacé de les entraver, exigeant auparavant que le mouvement islamiste « renonce au terrorisme » et à prôner la destruction d'Israël. Un pas a été franchi, même si ce mouvement n'entend pas se délaisser de certains atouts. Mais comme la guerre, la paix se fait elle aussi à deux, et la position israélienne n'est point encourageante.