Cheikh Ahmed Yassine est la plus importante figure de la résistance palestinienne tuée par Israël depuis le début de la deuxième Intifada. «Ariel Sharon a ouvert les portes de l'enfer et rien ne nous empêchera de lui couper la tête» a déclaré, hier, la direction du Hamas en réponse à l'assassinat du leader spirituel du mouvement palestinien, Cheikh Ahmed Ismail Yassine. C'est aux environs de 5h alors qu'il sortait de la mosquée du quartier de Sabra à Ghaza, où il avait effectué sa prière de l'aube, que Cheikh Yassine, âgé de 67 ans, et paraplégique, a été tué en compagnie de deux de ses assistants, par un tir de trois roquettes lancées par un hélicoptère de l'armée israélienne. Sept personnes ont également trouvé la mort dans cette attaque qui a fait par ailleurs quinze blessés dont deux des trois fils du dirigeant du Hamas. Ce raid a été supervisé par le Premier ministre israélien, Ariel Sharon, qui a commandité personnellement ce raid et qui a donné le feu vert. Selon un témoin présent sur les lieux, cheikh Yassine avait été touché par le premier missile. «J'ai regardé pour voir le cheikh Yassine. Il gisait sur le sol et sa chaise roulante était détruite. Les gens couraient dans tous les sens. Puis deux autres missiles sont tombés.» . Tandis qu'un autre témoin, chauffeur de taxi, raconte avoir vu les trois missiles atteindre le chef spirituel du Hamas et ses gardes du corps. «Leurs corps ont volé en éclats», a-t-il déclaré, ajoutant «son fauteuil roulant était tordu. Deux ou trois personnes gisaient à côté de lui. L'un avait perdu ses jambes.» Devant la morgue, Ismail Haniyeh, un responsable du Hamas proche de Cheikh Yassine, a déclaré «c'est un moment dont Cheikh Yassine rêvait. Cheikh Yassine a vécu, est mort et a donné sa vie pour la Palestine. Cheikh Yassine était un héros, un combattant et le leader d'une nation, et il est au paradis maintenant.» Le corps du chef spirituel du Hamas a été transporté à la morgue de l'hôpital Chifa, à Ghaza, ainsi que ceux des sept autres personnes décédées alors que des débris de son fauteuil roulant ensanglantés étaient encore visibles sur les lieux du drame. Déclaré en janvier passé comme «l'homme à abattre» par le vice-ministre israélien de la Défense, Zeev Boïm, qui a en outre affirmé hier, après l'attentat que «Yassine et les autres tirent les ficelles du réseau de terreur dans la bande de Ghaza», Cheikh Ahmed Yassine avait été déjà l'objet de plusieurs tentatives d'assassinat de la part de l'armée israélienne. D'ailleurs et bien que limité dans ses mouvements en raison de son handicap et accusé par Israël d'influencer les kamikazes palestiniens, il avait échappé longtemps aux actions d'Israël qui craignait de déclencher une vague d'attentats de représailles sans précédent. Toutefois changeant de tactique, Israël entreprit dans sa politique de «l'assassinat ciblé» de mettre un terme à la vie du leader islamiste. Mais celui-ci a survécu à une première attaque israélienne visant la direction du Hamas en septembre. En outre il était considéré par Israël, comme le responsable direct de tous les attentats suicide perpétués par le Hamas depuis 2000. Selon des observateurs cet attentat fait suite à la série de raids menés par Israël contre les éléments du Hamas en représailles du double attentat-suicide qui a fait 10 morts dans le port d'Ashdod le 14 mars dernier. Dès l'annonce de la mort du Cheikh, des milliers de Palestiniens ont convergé vers le site en tirant des coups de feu en l'air. «Le cheikh est mort, le cheikh est mort», répétaient des hommes armés et des militants du Hamas rassemblés sur les lieux. «Le cheikh Ahmed Yassine repose en paix. Ils ne goûteront jamais au repos. Nous enverrons la mort dans chaque maison, dans chaque ville, dans chaque rue d'Israël», criaient les militants du Hamas par haut-parleurs dans les rues de Ghaza.