Le dossier de la dette entre l'Algérie et la Russie sera finalisé avant la visite du président Vladimir Poutine à Alger en février 2006 », a annoncé hier l'ambassadeur de Russie à Alger, Vladimir Titorenko, au forum d'El Moudjahid, ajoutant qu'il s'agissait d'une question technique et non politique. « Une visite historique, pas seulement parce qu'il s'agit du premier président russe qui vient à Alger, mais aussi au vu du volume des accords et des 14 contrats qui seront signés. Nous prévoyons des milliards de dollars à gagner pour l'Algérie et pour la Russie », a-t-il appuyé, annonçant également la visite, courant novembre, du ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov. Le montant exact de la dette reste indéterminé puisqu'il fait objet de négociations entre les ministères de Finances algérien et russe, a expliqué l'ambassadeur.« La dette vis-à-vis de la Russie correspond à environ 25% du total de la dette algérienne », a-t-il avancé. Si la dette algérienne avoisine les 18 milliards de dollars, la dette envers la Russie s'établirait donc aux environs de 4,5 milliards. Le diplomate a indiqué qu'une délégation russe s'est déplacée en Algérie en juillet 2005 dans le cadre des négociations autour de cette question et qu'une délégation algérienne se rendra à Moscou dans une semaine. Le montant de la dette, héritage d'une politique de coopération entre l'ex-URSS et l'Algérie socialiste des années 1970-1980, pourrait être précisé après cette série d'échanges. A-t-on envisagé une reconversion de la dette, comme cela est le cas avec certains pays européens, sous forme de prises de participations dans des entreprises algériennes ? « Il faudrait que la partie algérienne propose du concret aux entreprises russes, notamment dans le domaine des hydrocarbures. Mais jusqu'à présent, il n'y a pas eu de proposition », a dit l'ambassadeur. En 2004, les exportations russes vers l'Algérie ont atteint 350 millions de dollars. « Un chiffre qui ne reflète pas le niveau des relations historiques et politiques et l'étape actuelle du dialogue bilatéral », a estimé Vladimir Titorenko. C'est bien loin des 2,3 milliards de dollars d'échanges du temps de Houari Boumediene, comme l'avait souligné le diplomate russe lors d'une conférence de presse en mai 2005. Il a indiqué qu'Alger et Moscou devaient signer prochainement quatre accords pour encadrer leurs échanges concernant la double imposition, le transport aérien et maritime, la protection des investissements et la libre circulation des capitaux. Ce dernier accord sera, selon lui, finalisé avant le 15 décembre. Concernant les contrats d'armements, l'ambassadeur s'est contenté de dire que « ça marche très bien ». Le rapprochement entre Alger et l'OTAN ne gênerait en rien l'avenir du marché militaire russe en Algérie, a-t-il estimé. L'Algérie et la Russie, engagées dans la lutte antiterroriste, n'ont pas « encore » conclu d'accord d'extradition. « Nous y travaillons », a répondu le diplomate, indiquant que les services spéciaux des deux pays gardaient le contact et qu'il ne s'agissait pas d'une question relevant des seuls « services », mais concernait également les politiques. Des perspectives de coopération dans le domaine du nucléaire civile ? « Votre gouvernement ne l'a pas demandé », a répondu l'ambassadeur. Il a précisé que la société russe Agence des technologies et des perspectives a proposé à l'Algérie de construire une usine de fabrication des câbles en fibre optique pour les besoins algériens, mais aussi pour l'exportation. Et une délégation de l'agence spatiale russe se rendra en Algérie en décembre prochain, mois de la prochaine session de la commission mixte algéro-russe. L'intérêt russe porte également sur les hydrocarbures, l'hydraulique, les télécommunications, les travaux publics et le rail. Une délégation de la société des chemins de fer russe visitera l'Algérie la semaine prochaine. Hier, Chakib Khelil, ministre de l'Energie et des Mines, recevait le président de l'Association des sociétés pétrolières et gazières russes, Yuri Shafranik. « Malgré la compréhension de la direction politique de l'Algérie, les opérateurs concrets algériens ne donnent pas parfois la suite nécessaire aux orientations politiques et aux propositions russes », a regretté l'ambassadeur, citant l'attente des Russes après des propositions d'investissements dans les télécommunications faites à Algérie Télécom. Un vol Air Algérie par semaine assure la ligne Alger-Moscou de mai à octobre et deux vols par mois le reste de l'année. « C'est un privilège d'Air Algérie, car la ligne n'est pas rentable », a dit l'ambassadeur. En Tunisie, 50 000 touristes russes atterrissent chaque année.