La question de la dette russe auprès de l'Algérie, estimée à quelque 3,5 milliards de dollars, « pourrait trouver son traitement si les experts des deux pays arrivaient à un accord avant la visite prochaine du président Poutine en Algérie ». Cette déclaration émane de Vladimir Titorenko, ambassadeur russe à Alger, invité du forum qu'organise le journal arabophone El Moustakbel. Intervenant hier au Centre international de presse (CIP) à Alger, ce diplomate arguera toutefois qu'il est très difficile pour lui de donner un chiffre exact à propos de cette dette, car son calcul dépend de plusieurs paramètres et elle date des années 1970-1980, se défendra-t-il. Il avancera, cependant : « Il faudrait alors s'adresser aux ministères des Finances des deux pays pour avoir les informations précises » sur ce dossier en litige. Au passage, il soutiendra que cette question ne saurait être un problème entre Alger et Moscou, appelés à intensifier leurs échanges mutuels. Cela notamment dans l'attente de la tenue des premières assises de la commission mixte qui étaient programmées initialement pour mai ou juin à Moscou Mais à la suite du remaniement ministériel intervenu le 1er mai dernier, le ministre des Finances algérien, Abdelatif Benachenhou, a été remplacé par Mourad Medelci. C'est pourquoi ce diplomate a tenu à noter que Moscou attend la nomination par les autorités algériennes du nouveau coprésident de cette commission. Le coprésident pour la partie russe étant connu, depuis février dernier, en la personne de Vladimir Yakolev, ministre du Développement régional. L'ambassadeur russe ne manquera pas de se réjouir de la profondeur de la coopération militaire en signalant les ventes d'armes à l'armée algérienne alors que se trouve à Moscou une délégation conduite par le général-major Ahmed Gaïd Salah, chef d'état-major de l'ANP. Cela même si le volume des échanges économiques et commerciaux entre les deux pays n'affiche que 400 millions de dollars pour l'exercice 2004. Un montant dérisoire à comparer aux « 2,3 milliards de dollars par an quand Houari Boumediène était à la tête de l'Algérie », fera remarquer Vladimir Titorenko. Ce parfait arabophone ne manquera pas dans ce cadre de signaler qu'entre les deux Etats « il n'y a aucun litige ». Il évoquera dès lors les activités de l'Association des diplômés algériens de Russie (ou ex-URSS) fortes de quelque 6000 cadres et qui est en contact permanent avec l'ambassade russe à Alger. Par la même occasion, il estime que l'Algérie jouit d'un lobby (le mot a été bien utilisé) actif en Russie constitué par les anciens coopérants civils et militaires qui travaillaient dans divers secteurs d'activité en Algérie. Quant aux domaines où la coopération est très en avance, Vladimir Titorenko citera l'énergie, l'hydraulique, les nouvelles technologies et l'assistance russe dans le cadre du lancement des satellites algériens. Il insistera surtout sur la conclusion prochaine d'un accord de transport aérien de marchandises et des passagers. A propos de l'affaire des deux officiers algériens agressés récemment au niveau du métro de Moscou, le diplomate russe affirmera que 3 à 4 personnes ont été arrêtées et mises en prison. L'enquête qui suit toujours son cours, précisera-t-il, a permis déjà d'établir que deux d'entre eux étaient dans « un état de grande ivresse ». Maintenant au plan international, il a été confirmé la tournée prochaine de Serguey Lavrov, ministre des Affaires étrangères dans le cadre d'une tournée au Maghreb. Moscou soutient la démarche de la communauté internationale à propos du Sahara-Occidental, dira l'ambassadeur, alors que Moscou entretient avec le Polisario ce qu'elle qualifie de « contacts de travail ». En outre, l'Algérie et la Russie « coordonnent leurs actions au niveau des instances internationales » ajoutera-t-il, tout en rappelant que depuis toujours « Moscou considère l'Algérie comme un pays prioritaire en Afrique du Nord et au Moyen-Orient » avec la Syrie et l'Irak. Il faut savoir que Vladimir Titorenko était ambassadeur en poste à Baghdad au moment de l'invasion de l'Irak et de la fuite de Saddam Hussein.