Le rapport mondial sur le développement humain de 2010 est biaisé dans la mesure où la statistique n'est pas indépendante, en absence d'organes indépendants la produisant et les données ne sont pas complètes. C'est ce qui ressort des avis des différents experts algériens qui travaillent sur le développement humain en Algérie ou sur son rôle dans le développement économique. Une carence flagrante a été dénoncée en matière de statistique et sa disponibilité pour mieux rendre compte de la situation sociale et économique du pays. En effet, malgré un classement de l'Algérie à la 84e place, sur les 85 pays ayant un IDH élevé, avec un indice de développement humain de 0,677, sur les 135 pays en tenant compte de ses dépenses publiques en matière de santé et de scolarisation à côté du revenu national brut (RNB) de 4038 en PPA dollars, soit produit intérieur brut par habitant. Or, le calcul de l'IDH pour l'Algérie a été fait sur la base de l'espérance de vie (72,1 ans) qui, elle, a nettement évolué grâce à la baisse du taux de mortalité et sur le taux de scolarisation en tenant compte de la durée de scolarisation (10,4 ans) et celle attendue (13,7 ans). Dans le classement hors PIB, l'Algérie est à la 5e place, car le classement, selon le RNB, elle perd 6 places (-6) et son IDH non monétaire est de 0,716. Donc, en termes de progrès, l'Algérie est située à la 9e place derrière la Corée du Sud qui succède à la Tunisie et devant le Maroc, sur la période 1970-2010. L'Algérie devra alimenter régulièrement en statistiques le PNUD Selon le représentant du PNUD à Alger, Mamadou Mbaye, cet indice n'est pas complet, donc il faudra prendre en considération d'autres indices et indicateurs affinés pour une meilleure mesure du développement humain. C'est aussi l'avis du Conseil national économique et social qui compte compléter les données pour alimenter le PNUD, selon son président, Mohamed Seghir Babès, afin d'avoir une banque de données plus complètes avec des chiffres plus fiables. M. Babès indiquera : «Les chiffres avancés par le PNUD dans le RMDH-2010, à propos de l'Algérie, sont en «écart» par rapport à ceux du CNES.» Dans ce sens, il a annoncé une rencontre régionale qui se tiendra à Alger, avec la participation des spécialistes du PNUD, pour s'imprégner des indicateurs et paramètres utilisés par l'organisation dans son évaluation. Il reconnaît aussi la manière «aléatoire» et «irrégulière» avec laquelle l'Algérie alimente la banque de données du PNUD en statistiques et données sur le développement humain. Les données ont été produites avec l'assistance technique d'un expert international envoyé par le PNUD. En dépit des résultats du rapport 2010 du PNUD, les membres de l'exécutif remettent en cause ce classement estimant que l'Algérie devrait être mieux classée. Un avis qui n'est guère partagé par les experts en économie et en sociologie économique ainsi que le secteur privé algérien, écarté dans le calcul de l'IDH. Une statistique indépendante et fiable De l'avis des experts, il existe un réel problème de production des statistiques et leur indépendance tant que le Conseil national des statistiques n'est pas installé, que l'ONS n'est pas dotée de moyens pour produire elle-même cette statistique et que le CNES ne la vérifie pas sur le terrain. Le classement de l'Algérie est biaisé et les rapports des instances internationales ne sont pas réalistes, s'accordent à dire les experts nationaux. Par ailleurs, l'Algérie constitue l'un des exemples typiques, où la croissance économique tirée par les exportations des hydrocarbures ne reflète pas le développement humain. Selon l'économiste Mourad Goumiri, tant que la manne financière est là, les budgets alloués à certains secteurs seront appréciables, mais il n'existe pas une synergie entre les secteurs pour que chacun puisse travailler pour d'autres en absence d'évaluation annuelle et de prospective en Algérie. Toutefois, le risque de voir le classement de l'Algérie chuter n'est pas à écarter en raison de la réapparition de certaines maladies et de la qualité des soins et d'alphabétisation, la pauvreté et d'autres indicateurs qui sont au rouge.