Le nouveau gisement de croissance de la téléphonie mobile est à rechercher en Afrique rurale. C'est une étude du cabinet britannique Informa Telecoms & Media qui vient d'avancer cette idée, se basant sur le fait que seul un habitant sur 10 a accès à ce réseau dans cette région. «Globalement, la croissance des abonnés au téléphone portable va continuer de baisser en raison d'une forte saturation. En Afrique, la tendance sera à peu près la même (...), mais l'expansion en zone rurale va stimuler la croissance et même l'accélérer», a déclaré la semaine dernière lors de la conférence AfricaCom en Afrique du Sud, Nick Jotischky, analyste au sein dudit cabinet d'études. Il a même ajouté que «connecter les zones rurales et fournir un accès aux télécommunications représentent le futur de cette industrie dans les prochaines années pour cette région». Selon l'étude dont la presse internationale s'est faite l'écho, le nombre d'abonnés en Afrique a dépassé la barre des 500 millions en septembre dernier, ce qui représente 10% de clients dans le monde. L'opérateur français Orange, qui compte déjà 55 millions de clients en Afrique, a prévu de se développer en zone rurale, où sont consacrés 50% de ses investissements. «Notre but est de doubler nos revenus en Afrique et au Moyen-Orient d'ici 2015», a indiqué Marc Rennard, vice-président de ces deux régions. Le Nigeria, pays le plus peuplé d'Afrique, concentre le plus grand nombre d'abonnés du continent (16%), suivi par l'Egypte et l'Afrique du Sud, selon l'étude d'Informa. Durant ces cinq prochaines années, la téléphonie mobile devrait se développer en Afrique de l'Est et centrale, avec une augmentation de plus de 100% des abonnements en Ethiopie, en République démocratique du Congo, en Erythrée et à Madagascar, ajoute Informa, précisant que l'accès à l'électricité constitue le plus grand obstacle à l'expansion de la téléphonie en zone rurale. L'étude d'informa coïncide avec un autre constat fait cette fois par l'Union internationale des télécommunications (UIT) et qui confirme l'expansion de la téléphonie mobile sur le continent noir, même si dans d'autres segments des technologies de l'information et de la communication (TIC), l'Afrique reste en retard. La semaine dernière à Dakar lors du 10e Symposium mondial des régulateurs, Hamadoun Touré, secrétaire général de l'UIT, a affirmé que l'Afrique a beaucoup progressé en matière d'utilisation des TIC. «Ces dernières années, l'Afrique a accompli des progrès incroyables en matière de développement des TIC, notamment en ce qui concerne la téléphonie cellulaire mobile. Au début de cette année, le taux de pénétration atteignait 44% sur le continent dans son ensemble, alors qu'il n'était que de 15% quatre ans plus tôt». Il a ajouté que «le taux de pénétration de la téléphonie cellulaire mobile dans les foyers en zone rurale est aujourd'hui supérieur à 50%.» Toutefois, pour ce qui est de la vulgarisation de l'Internet, l'UIT a indiqué que l'Afrique devrait compter à la fin 2010 près de 80 millions d'internautes seulement sur un total de 2 milliards d'utilisateurs dans le monde. Le taux de pénétration d'Internet en Afrique est de 10% contre 30% dans le monde. Ce chiffre fait de l'Afrique la région où le taux est le plus bas, selon l'UIT, qui a rappelé qu'en fin 2009 «le taux en question était inférieur à 5% dans plus de la moitié des pays du continent». Même si l'Internet progresse à bon rythme, M. Touré a estimé qu'il reste «beaucoup à faire», invitant les gouvernants à faire en sorte que l'Internet haut débit soit «une priorité dans leur programme de développement».