La série noire des kidnappings continue :60 enlèvements en quatre ans. Les opérateurs économiques, cible privilégiée des groupes armés : un coup fatal à l'économie de la région. La population d'Aghribs, à une quarantaine de kilomètres au sud de Tizi Ouzou, est sous le choc.L'entrepreneur, qui a été blessé, dimanche dernier, par des kidnappeurs, a succombé à ses blessures, hier matin. Hand Slimana, 49 ans, propriétaire d'une entreprise de travaux publics, a reçu deux balles à l'abdomen au moment où il tentait d'échapper aux auteurs d'un faux barrage dressé par un important groupe armé au lieudit Bouhelalou, à 4 km au sud d'Aghribs. Il a été transporté à l'hôpital d'Azazga par des citoyens qui s'étaient rendus sur les lieux peu de temps après l'attentat. Les assaillants étaient déguisés en éléments des services de sécurité. Son cousin Omar, âgé de 34, sans emploi et père d'un enfant, a été enlevé lors de ce faux barrage. Il est toujours entre les mains des ravisseurs. D'ailleurs, pour obtenir sa libération, une cellule de crise a été mise en place dans son village, Imekhlef. Les villageois avaient décidé d'une marche pacifique pour aujourd'hui, à 10h, avant de la reporter suite au décès de l'entrepreneur hier matin. «Après le décès de Hand, la marche a été reportée. Le défunt était un homme intègre et estimé par tous les citoyens de la région. Il a laissé une veuve et cinq enfants», nous a déclaré un citoyen de la localité qui nous a précisé aussi que l'enterrement du défunt aura lieu aujourd'hui dans son village natal, Imekhlef. Le jour de l'Aïd, mardi dernier, les citoyens de la région d'Ath Jennad ont organisé une caravane de sensibilisation et de solidarité avec les familles des victimes et en vue de demander la libération de l'otage. Ils ont sillonné les territoires des régions d'Ath Jennad, Iflissen et Azazga. La nouvelle du décès de Hand Slimana a vite fait le tour de la localité, jetant émoi et consternation au sein de la population. «La situation s'aggrave de plus en plus et le phénomène prend sérieusement de l'ampleur. Aujourd'hui, il y a mort d'homme. Donc, la sonnette d'alarme est de nouveau tirée sur ces kidnappings qui laminent la Kabylie», nous dira un habitant d'Aghribs qui rappelle que plusieurs enlèvements ont eu lieu dans la région d'Ath Jennad. Le versant est de la wilaya de Tizi Ouzou a enregistré, depuis 2005, pas moins de 10 rapts. Le propriétaire d'une station de concassage à Fréha, en juillet dernier, un vétérinaire et le cogérant du groupe ETRHB avaient été kidnappés respectivement en juillet 2010, en septembre 2008 et en mars 2006 dans la même région. Ils ont été relâchés après plusieurs jours de captivité. Les ravisseurs exigeaient le versement de rançon contre la libération de leurs otages. Mais depuis quelques mois, ils renoncent souvent à leur demande, car les victimes sont libérées après la mobilisation des villageois. C'est à Iflissen, dans la daïra de Tigzirt, à 50 km au nord de Tizi Ouzou, que les habitants d'Issenadjène avaient fait plier les kidnappeurs en novembre 2009. Le propriétaire d'un restaurant, enlevé à l'intérieur de son établissement, a été relâché sans condition, alors qu'au préalable, les ravisseurs avaient exigé 700 millions de centimes. La même mobilisation a été rééditée dans plusieurs localités de la Kabylie, notamment à Boghni et Fréha, l'été dernier. Par ailleurs, notons que plusieurs victimes ont été blessées par balle lors des tentatives de rapt. On citera, à titre d'exemple, le commerçant qui a échappé, le 3 octobre dernier, à un enlèvement devant chez lui, à Azib Ahmed, dans la commune de Tizi Ouzou. Il avait été blessé à la jambe. Un commerçant a été libéré lundi dernier à Beni Douala après 50 jours de captivité.