Depuis fin 2005, la Kabylie fait singulièrement face au phénomène des kidnappings qui cible particulièrement les entrepreneurs et autres hommes d'affaires de la région, pour la libération desquels sont exigées de fortes sommes d'argent. Avant fin 2010, 60 personnes ont fait les frais de ce mode de financement des activistes d'Al Qaïda au Maghreb (Aqmi) continuant de sillonner la région, qui suscite de nombreuses interrogations et donne lieu à des supputations diverses. Le problème est devenu si préoccupant qu'il a fait l'objet d'un séminaire organisé à Tizi Ouzou en novembre dernier par la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (LADDH). Cela, au moment où la révolte de la population locale s'accroît en même temps que s'accentuent les interrogations quant à ce qu'elle qualifie de «silence» des pouvoirs publics. Et ce sera d'ailleurs le leitmotiv de la marche imposante qui a eu lieu en novembre dernier dans la commune de Fréha à la suite de l'enlèvement de l'entrepreneur Slimana Hand, qui succomba à ses blessures. Intercepté par des éléments armés dans un faux barrage à 4 km d'Aghribs, l'homme d'affaires de 49 ans a été blessé en tentant de s'échapper. Il rendra l'âme une semaine plus tard, étant ainsi le premier décès comptabilisé lors d'une opération de rapt. La marche de Fréha a été organisée pour dénoncer cet énième enlèvement et pour exiger la libération de Omar, le cousin de Slimana Hand, qui retrouvera les siens le 22 novembre, quelques heures seulement après que son cousin fut mis en terre. Les marches de mobilisation citoyenne ont précédemment permis la libération d'otages, de même qu'elles s'apparentent à un véritable défi aux groupes terroristes. Même si les articles 34 et 35 de la Constitution algérienne, en plus d'autres textes de loi, prévoient de sévères condamnations à l'encontre des auteurs des enlèvements, les familles des victimes ne recourent pas au dépôt de plainte et préfèrent monnayer chèrement la libération des leurs. Pour desserrer l'étau sécuritaire qui étouffe la région et empêche son développement économique et social, les forces de l'Armée nationale populaire (ANP) ont déclenché, ces derniers jours, une vaste opération de ratissage pour traquer les éléments de l'ex-GSPC qui pullulent dans ces denses maquis. M. C.