Pyongyang a tiré hier des dizaines d'obus sur une île de la Corée du Sud, tuant deux soldats et déclenchant des tirs de riposte de Séoul. Le monde entier a été choqué, hier, par la mauvaise nouvelle : le régime fermé de la Corée du Nord est brusquement passé à l'acte en ciblant ses voisins du Sud d'une dizaine d'obus. La riposte de Séoul ne s'est pas fait attendre, provoquant ainsi des affrontements sans pareil depuis la guerre de Corée entre 1950 et 1953. Au moins deux soldats sud-coréens ont péri. Cette vive tension entre les frères ennemis fait craindre le pire. Le monde retient son souffle, surtout que le pays de Kim Jong Il dispose de l'arme nucléaire. La Maison-Blanche a «fermement condamné» le bombardement nord-coréen. Une cinquantaine d'obus, selon la chaîne de télévision YTN, sont tombés sur l'île de Yeonpyeong (environ 1500 habitants), située en mer Jaune, dans une zone disputée par les deux Corées, théâtre d'autres incidents par le passé. Le bombardement a tué deux soldats et fait dix-huit blessés, dont cinq soldats grièvement atteints et cinq civils, a annoncé le général Lee Hong-Ki. L'île de Yeonpyeong est située juste au sud de la ligne frontalière décrétée par les Nations unies après la guerre de Corée, mais elle se situe au nord de la ligne de partage revendiquée par Pyongyang. De graves incidents navals s'étaient produits dans la même zone en 1999, 2002 et en novembre 2009. Ces tirs interviennent alors que l'existence d'un programme d'enrichissement d'uranium en Corée du Nord a été révélée par un scientifique américain, accroissant la tension et l'inquiétude des Etats-Unis et de leurs alliés. La Chine a fait part de sa «préoccupation» et jugé «impératif» de relancer le processus des négociations à six sur le programme nucléaire nord-coréen. Moscou a condamné les tirs nord-coréens et a mis en garde contre une «escalade». Le Premier ministre japonais, Naoto Kan, a demandé pour sa part à ses ministres de se préparer à «toute éventualité». Alerte maximum Pour Kim Yong-Hyun, de l'université Dongguk, «c'est une provocation intentionnelle visant à accroître les tensions entre les deux Corées». «Le Nord a fait une série de gestes, mais il n'y a pas eu de réponses du Sud ou des Etats-Unis», a souligné le chercheur, alors que ces tirs se produisent au moment où s'engage à Pyongyang le processus de succession en faveur de Kim Jong-Un, le plus jeune fils du leader Kim Jong-Il. L'état-major sud-coréen a confirmé que des obus avaient atteint l'île où se trouve un détachement de l'armée qui a procédé à 80 tirs de riposte, a indiqué le ministère sud-coréen de la Défense. L'armée a été placée en état d'alerte maximum. Les tirs nord-coréens ont débuté alors que le Nord avait protesté à plusieurs reprises contre des exercices militaires sud-coréens dans la zone, a indiqué Séoul. Le président sud-coréen, Lee Myung-Bak, a tenu une réunion d'urgence avec ses ministres et les conseillers à la sécurité et a ordonné de «gérer (la situation) au mieux pour éviter une escalade», selon le porte-parole. Séoul a promis des «représailles» en cas de nouvelles provocations du Nord, estimant qu'il s'agissait d'une attaque «intentionnelle». En tout état de cause, cette attaque, qui intervient après celle de la corvette du printemps dernier, constitue un sérieux motif d'inquiétude pour la communauté interantionale. Critiqué de toutes parts, le régime le plus fermé au monde de Pyongyang pourrait être tenté par un coup de folie. La guerre sera alors très chaude et non plus froide.