C'est à une véritable bataille que se livrent des avocats montréalais pour offrir leurs services aux huit fugueurs du Ballet national qui ont demandé l'asile au Canada. C'est à qui arrivera le premier ! Montréal (Canada). De notre envoyé spécial
Plusieurs avocats spécialisés en immigration et en demande d'asile tentent de se rapprocher des huit danseurs à travers des membres de la communauté installés à Montréal. Une aubaine pour ces membres du barreau québécois. Comme les danseurs ont déposé leur demande de refuge, dont le type sera défini par la Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada, ils sont déjà pris en charge par le système d'aide aux demandeurs d'asile pour la couverture médicale et le logement, entre autres. Ils pourront aussi bénéficier de l'aide juridique qui consiste en la prise en charge des frais d'avocats jusqu'à un certain seuil. L'introduction d'une demande d'asile leur permettra de séjourner légalement au Canada après l'expiration de leurs visas, dans six mois. Selon les délais que prendra leur demande, leur séjour pourrait s'étaler sur plusieurs années avant d'avoir une réponse définitive qui pourrait être un refus assorti d'un ordre de déportation (expulsion). Il n'est pas rare de rencontrer des expulsés algériens sur les vols entre Alger et Montréal. Entre temps, si leur situation change – un mariage par exemple – ils pourront passer au statut de résidant.Mais tout dépendra du dossier que préparera leur avocat. L'un des éléments sur lequel va se baser leur demande est certainement la menace qu'ils auraient reçue de la part d'un diplomate algérien au Canada. Un membre du ballet a accusé à tort, dans les médias algériens, l'ambassadeur d'Algérie au Canada, Smaïl Benamara, d'avoir provoqué leur fugue par ses menaces de représailles s'ils tentaient de rester au Canada. Ce dernier, rentré depuis en Algérie et ne connaissant pas apparemment qui est qui, a pris un autre diplomate pour l'ambassadeur. Ceci ne diminuant en rien la gravité de la menace. Les danseurs étaient les invités exceptionnels du Festival du monde arabe de Montréal, à l'initiative de l'ambassade d'Algérie à Ottawa. «Nous n'avions aucune volonté de programmer cette troupe, mais l'ambassadeur était très enthousiaste. Nous lui avions dit que le délai était court, mais il a très bien réussi à remplir la salle. On était surpris : le public était à 90% algérien», a affirmé hier au journal La Presse le directeur du Festival du monde arabe, Joseph Nakhlé. Selon les huit fugueurs restés au Canada et qui se sont confiés à El Watan, l'ambassadeur algérien ne les a pas menacés et a essayé de les raisonner. Un autre diplomate, qui serait du consulat d'Algérie à Montréal, leur aurait dit d'un ton menaçant : «Même si vous vous enfuyez à Vancouver (dans l'extrême ouest canadien) on vous ramènera tous menottés.» Il est clair que par solidarité, l'ambassadeur d'Algérie au Canada ne «vendra» pas son collègue. Réagissant à cette information, une source du consulat algérien a réfuté ce scénario et affirmé que la représentation montréalaise «n'est mêlée ni de près ni de loin à cette histoire». Prônant l'apaisement, la même source a rappelé que personne n'a été ou ne sera inquiété pour ses déclarations. «Vous pouvez vérifier auprès des personnes qui sont rentrées en Algérie», a-t-elle ajouté. «D'ailleurs, même ceux qui sont restés sont les bienvenus en Algérie, leur pays, s'ils décident de rentrer», conclut la même source.