Parfaire, corriger ou encore avoir des sourcils irréprochables, une technique révolutionnaire qui connaît un succès sans précédent aussi bien chez les jeunes algériennes que chez les personnes entre les deux âges. Le maquillage semi permanent des sourcils, communément appelé dans la profession, le tatouage, est un procédé qui ne cesse d'évoluer dans les pays développés. En Algérie, ce phénomène est désormais ancré dans les mentalités, donnant le plus souvent d'excellents résultats. Dans les années 1960 et 1970, la mode était aux sourcils très fins. Aujourd'hui, ils se portent fournis. Elles sont des centaines d'Algériennes, voire des milliers, tout âge confondu, à franchir le seuil d'un institut de beauté ou encore d'un salon de coiffure pour réclamer des sourcils de rêve. Une petite virée dans certains espaces de beauté de la capitale, nous a permis d'emblée de constater que la demande est exponentielle. A la tête depuis dix ans de l'école privée d'esthétique et de haute coiffure Main d'or, à la rue Hassiba Ben Bouali, la gérante, Mme A. Faïza, affirme que son établissement enregistre une demande croissante pour celles qui ont un problème de forme et de remplissage des sourcils. Cependant, l'école n'opte que pour le remplissage des sourcils. «Quand nous rencontrons des sourcils qui nécessitent une petite correction, nous le faisons systématiquement. La première séance est réservée au tracé et la seconde, dix jours plus tard, aux retouches. Nous sommes très vigilants sur le mélange de la couleur.» Abondant dans le même sens, le tatoueur de l'école, Lotfi Beggag, indique qu'il ne faut jamais mettre plus de 40% de noir dans le mélange car la couleur vire au vert. «Les femmes algériennes sont exigeantes. Elles sont à l'affût de la mode. Elles font attention à leur beauté physique. Le visage est leur priorité», confie-t-il timidement. Ce spécialiste donne alors un véritable cours théorique. On commence par dessiner le sourcil au crayon. Après accord de la cliente sur la forme et la couleur, il trace d'abord le contour, en faisant pénétrer les pigments sous l'épiderme toutes les 2 mm, ensuite, il dessine les poils sur le pourtour du sourcil. Souvent, lors de la première séance, il propose une ligne plus étroite que celle que la cliente a choisie et une couleur légèrement plus claire. Façon singulière de donner le temps à la cliente de s'habituer à son nouveau visage. Un mois plus tard, lors du rendez-vous de contrôle, indispensable et gratuit, le professionnel peut, à la demande de la cliente, élargir et foncer les sourcils. A la question de savoir si elle a eu à enregistrer des réclamations, Faïza lance fièrement : «Toutes nos clientes sont satisfaites des résultats.» La directrice de l'école privée Beauté Académie, située au Télémly à Alger, Mme Michèle Husson, reconnaît que les jeunes filles sont nombreuses à se bousculer au portillon de son établissement pour une formation on encore pour se faire «rafraichir» les sourcils. La demande en dermopigmentation est forte en Algérie. Les femmes de tous les âges sont intéressées par le tatouage des sourcils. «Elle ne sont pas satisfaites de leurs sourcils, non symétriques, ou pas assez fournis, ou n'ayant pas une jolie courbure, ou qui comportent des trous». Notre interlocutrice indique que les jeunes filles sont très attirées par le maquillage libanais «qui est en fait un maquillage très sophistiqué avec les sourcils très marqués, redessinés au crayon avec une ligne externe beaucoup plus ascendante que la ligne naturelle. Elles souhaitent donc reproduire cette forme de sourcil à la mode et peu naturelle de façon permanente avec la dermopigmentation». Et d'ajouter que : «Les femmes plus mûres souhaitent redonner de l'éclat à leur regard en pigmentant leurs sourcils et en le rehaussant légèrement. Enfin, les femmes qui ont subi une chimiothérapie et souffrent d'avoir perdu leurs sourcils souhaitent retrouver leur regard d'avant la maladie et y trouvent un réconfort moral. Le tracé préalable au crayon et une bonne connaissance en visagisme sont essentiels pour réussir un maquillage semi permanent des sourcils. Car si la couleur s'estompe au fil du temps, il reste néanmoins des traces, donc on choisira une ligne naturelle qui ne risque pas de «mal vieillir». Michèle Husson regrette le fait que de nombreuses dermopigmentations soient pratiquées par des personnes n'ayant aucune formation. «C'est une technique difficile qui exige beaucoup de professionnalisme,tant dans le domaine de la connaissance des pigments, de la technique , de l'hygiène et la sécurité. Le résultat couleur d'une dermopigmentation dépend de la pigmentation de chaque peau, néanmoins, il existe certaines règles théoriques de colorimétrie à connaître pour diminuer les risques de voir la couleur virer». Nous quittons le Télemly pour prendre la direction du quartier d'El Biar. La propriétaire d'un nouveau salon de coiffure et d'esthétique désapprouve le concept du tatouage des sourcils ou autres. Bien qu'habillée à la dernière mode et ouverte d'esprit, elle avoue que par respect à la religion, elle ne peut pas se permettre d'introduire cette option dans ses prestations. «Il est inconcevable pour moi de proposer des prestations à mes clientes qui vont à l'encontre des principes de la religion musulmane», argue-t-elle.