L'organisation américaine, Human Rights Watch, a publié vendredi à New York un rapport accablant sur l'attaque des forces marocaines contre le camp sahraoui de Gdeim Izik, près de la ville d'El Ayoun, à l'issue d'une enquête menée sur les violations des droits de l'homme lors du démantèlement de ce camp et après. Environ 6500 tentes ont été érigées par les Sahraouis, début octobre, à Gdeim Izik, pour protester contre leurs conditions sociales et économiques et de «violents affrontements» ont éclaté entre les forces marocaines et les civils sahraouis suite à l'assaut militaire du Maroc, a tout d'abord indiqué Mme Sarah Leah Whitson, chargée de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord auprès de HRW. Suite à ces affrontements violents, pour lesquels HRW relève la «disproportion» des moyens dont ont fait usage les deux parties, avec une «suprématie des forces marocaines contre des Sahraouis désarmés», Mme Whitson rapporte que les forces marocaines, ainsi que des civils marocains, ont mené des «attaques de représailles» contre les civils sahraouis et leurs lieux d'habitation, tout en empêchant les Sahraouis blessés de bénéficier des soins. Rapportant les témoignages d'avocats sahraouis spécialisés dans les droits de l'homme à El Ayoun, HRW souligne que dans la foulée de l'attaque militaire du 8 novembre, «les responsables de la sécurité marocains ont arrêté des centaines de Sahraouis, plus d'une centaine d'entre eux sont toujours détenus. Neuf autres ont été transférés à Rabat pour une enquête par un tribunal militaire». A propos de l'accès retreint à l'information, cette organisation note qu'après le démantèlement du camp, les autorités marocaines ont «limité les accès» à El Ayoun, «permettant seulement à quelques journalistes ou représentants d'organisations non gouvernementales de rejoindre cette ville, un grand nombre d'entre eux ont été refoulés». Sur ce point, le rapport souligne qu'un représentant de HRW a été empêché par deux fois d'embarquer sur un vol à destination d'El Ayoun le 11 novembre avant d'être autorisé le lendemain. Mais pour Mme Whitson, «si nous saluons le Maroc qui a permis à HRW de mener une enquête à El Ayoun, un gouvernement qui dit à maintes reprises qu'il n'a rien à cacher doit le prouver en permettant à tous les médias et aux organisations non gouvernementales de venir et de recueillir les informations sans obstacles». Sur les différents corps des forces de sécurité marocaines impliqués dans la répression, cette organisation cite la gendarmerie, les forces auxiliaires, les forces de police et les unités spéciales anti-émeute (groupes d'intervention rapide). Le rapport note aussi que les Sahraouis détenus dans la prison d'El Ayoun ont fait l'objet d'enquêtes sur de fausses accusations telles que «constitution d'une bande criminelle dans le but de commettre des crimes contre des personnes et des biens, possession d'armes, destruction de biens publics, et participation à la prise d'otages et la séquestration de personnes, à mettre le feu à des bâtiments, à l'usage de la violence contre les membres des forces de l'ordre, entraînant blessures et mort, et à des rassemblements armés». Par ailleurs, Human Rights Watch rapporte que la police a battu un assistant de HRW à El Ayoun, Brahim Alansari, qui était en compagnie de John Thorne, le correspondant à Rabat du quotidien d'Abou Dhabi en langue anglaise The National.