Le professeur Yahia Guidoum a peut-être été appelé au chevet du secteur de la jeunesse et des sports, malade et en butte à de multiples problèmes. Mais la médication apportée par le ministre, le fameux décret exécutif n°05-405 du 17 octobre dernier, est loin d'apporter un début de remède. Au contraire, ce texte, que l'on a vite fait d'emballer sans débat au préalable, constitue déjà une menace pour le football national. Si le gouvernement algérien maintient la limitation des mandats et impose les 30% des représentants des pouvoirs publics au sein des assemblées générales des fédérations, l'Algérie sera automatiquement suspendue par la FIFA de toutes les compétitions internationales. Sepp Blatter, le président de cette instance internationale, a montré qu'il serait intransigeant quant au respect des principes qui régissent cette organisation non gouvernementale, qu'est la FIFA. Cette dernière ne peut accepter en son sein une fédération nationale inféodée aux pouvoirs publics et dont les membres ne jouissent pas de toute leur liberté. Pourtant, Yahia Guidoum et ses conseillers n'ignorent pas que la limitation des mandats des élus des associations sportives constitue non seulement une régression, mais elle est en totale contradiction avec la loi fondamentale, laquelle consacre la liberté d'association. C'est là d'ailleurs un grave précédent. Viendrait-il à l'idée du ministre de l'Intérieur de limiter le mandat des élus à un seul au sein des partis politiques ? Le seul argument présenté par le ministre de la Jeunesse et des Sports, conforté par certains médias, est que l'Etat, qui est le principal pourvoyeur financier du sport, toutes disciplines confondues, est dans l'obligation d'avoir une « mainmise » sur les associations (fédérations) sportives. Le prétexte est fallacieux. S'il était appliqué à tous les domaines sociaux et politiques, les associations nationales ou régionales deviendraient de simples appendices de l'administration publique. Dans ce cas, pourquoi les citoyennes et les citoyens ont-ils ce droit inaliénable de se regrouper pour défendre un intérêt commun, comme c'est le cas pour le sport, la politique ou toute autre activité sociale ? Et d'ailleurs, il faut le dire, pour l'immense service rendu à la société, l'Etat ne donne pas assez d'argent. La promulgation du décret n°05-405, fixant les modalités d'organisation et de fonctionnement des fédérations sportives, rappelle à bien des égards ces années de plomb où les adeptes du dirigisme confortablement calés dans leur fauteuil faisaient et défaisaient des carrières ou composaient l'équipe nationale de football. Cauchemardesque, n'est-ce pas ?