Dès son arrivée à la tête du département des Sports, le ministre a affiché ses griefs à l'encontre de certaines fédérations. Mais quelle mouche a piqué le ministre de la Jeunesse et des Sports? Jamais un ministre de la République n'a réussi auparavant à se mettre à dos le mouvement sportif national. En effet, Yahia Guidoum vient de franchir un nouveau cap dans le bras de fer l'opposant à certains «élus» du mouvement sportif national. Cloîtré dans ses convictions personnelles, le ministre des Sports a opté, depuis son installation en mai 2004, pour la manière forte dans la gestion du secteur au point d'oublier parfois qu'il est, d'abord, le ministre de la Jeunesse et puis des Sports. Sans prendre la peine d'avancer la moindre preuve, le ministre, sans y aller avec le dos de la cueillère, a accusé l'ensemble du mouvement sportif national de dilapidation des deniers publics, fruits des subventions de l'Etat, voire détournés de leur vocation pour servir des intérêts personnels, a-t-il déclaré à la tribune de l'APN. Pire, il affirme qu'un dirigeant de club lui a assuré «avoir acheté des matches et son équipe n'a pas été reléguée». Sous d'autres cieux, une telle déclaration est un aveu de culpabilité. Or, qu'a fait le ministre? Rien, la justice n' a même pas été saisie. Se taire, c'est devenir complice de la gabegie qui sévit dans le milieu footballistique algérien. Par ailleurs, cette guéguerre a commencé à la suite de la promulgation du décret exécutif 04-405 qui prévoit que le MJS jouisse d'un droit de regard dans la gestion interne des fédérations et interprété par ces dernières comme une ingérence et une atteinte à leur autonomie de gestion par rapport, justement, à la tutelle. Yahia Guidoum a déclenché la «guerre» en voulant caporaliser les fédérations nationales, et faisant adopter en conseil de gouvernement le décret stipulant qu'un bureau fédéral ne saurait exercer plus d'un mandat de quatre ans. En agissant de la sorte, le ministre a voulu s'immiscer dans la gestion d' une instance indépendante régie par un texte de loi, la loi 90-31 sur les associations qui a consacré le mouvement associatif en tant que partenaire actif et engagé de la vie sociale en Algérie. En outre, Yahia Guidoum s'est attiré les foudres des présidents de ligues et de plusieurs personnalités du mouvement sportif national. Par ailleurs, dès son arrivée à la tête du département des Sports, le ministre a affiché ses griefs à l'encontre de certaines fédérations. Certes, on dit que celui qui finance, contrôle, mais faudrait-il aussi mesurer les conséquences de certains actes. Par ces mesures, le ministre a provoqué le courroux des instances internationales qui ont failli provoquer l'isolement de l'Algérie sur la scène sportive mondiale. La dernière en date émane de la Fédération internationale d'athlétisme (Iaaf) qui a refusé de reconnaître le directoire installé à la tête de la Fédération algérienne d'athlétisme par Yahia Guidoum, en remplacement de Chaouch Tayara. Aussi, avec la dernière sortie de Yahia Guidoum, le bras de fer engagé avec certains «élus» a l'allure d'une crise qui pourrait aboutir à une mise au ban internationale que devrait payer cash une élite déjà mal en point en raison de résultats catastrophiques et d'une réalité du terrain en décalage avec les objectifs assignés. Ces derniers sont normalement la prise en charge d'une jeunesse en mal de loisirs et d'émancipation. Sur ce point, le département des Sports n'a rien fait. Pourtant, lors de sa rencontre avec les présidents de fédérations au début de l'année, Yahia Guidoum avait dévoilé son programme d'action basé sur dix-sept points. Une année après, le bilan reste mitigé. Peut-être que dans sa quête d'assainir le mouvement sportif national, Yahia Guidoum, en bon chirurgien qu'il est, a donné le coup de scalpel de trop. La gaffe à ne pas faire.