Opérant sur le marché algérien depuis un an et demi, la filiale algérienne de l'entreprise française Automatismes Systèmes (A&S) a équipé plusieurs magasins commerciaux, supérettes et grandes surfaces. Son dirigeant à Alger, Hakim Bennour, revient dans cet entretien sur les potentialités du marché algérien en matière de la grande distribution en Algérie qui reste pour lui un secteur porteur pourvu qu'en y prépare le terrain. Un mot sur l'entreprise et son domaine d'activité Automatisme Système (A & S) est une société française qui exerce depuis une trentaine d'année, spécialisée dans l'informatisation des entreprises de manière à augmenter leur rentabilité. Nous intervenons particulièrement en Algérie, dans l'accompagnement du commerçant dans sa phase de professionnalisation. Le passage de l'Algérie à l'économie de marché a crée un important besoin de professionnalisation de la pratique commerciale dont l'informatisation est l'un de ses aspects majeurs. Nous proposons à nos clients des solutions sous formes de progiciels et de terminaux de vente capables de gérer avec simplicité du plus petit magasin à la centrale de vente. Qui sont vos clients en Algérie ? Trois supérettes sur 4 en Algérie sont équipées de solutions A&S. Nous avons commencé au début à équiper des petits clients mais aujourd'hui le volume des affaires a augmenté sensiblement est les surfaces commerciales deviennent de plus en plus importantes. Nous sommes passés par la suite à des clients plus volumineux à l'instar de Blanky, Kiabi, poste shop,... qui sont des groupes qui ont une gestion très délicate avec des données assez complexes. Y a-t-il des manifestations d'intérêts de la part des grandes marques étrangères pour s'installer en Algérie ? Oui, il y a certaines entreprises étrangères qui veulent s'installer sur le marché algérien à l'instar notamment de Quik, et Macdonald. Il faut toutefois signaler qu'il y a certaines difficultés qui se dressent devant les entreprises qui veulent s'installer dans le domaine de la grande distribution en Algérie. L'absence d'une infrastructure adéquate et d'un personnel formé spécialement pour ce secteur d'activité sont parmi les principales difficultés. L'opérateur doit prendre en considération plusieurs paramètres avant de venir s'installer notamment ; le système informatique, la logistique, le transport, les fournisseurs,...etc. tous cela nécessite du temps. Il y a des critères que les professionnels de la grande distribution suivent rigoureusement pour comme par exemple la rapidité d'accès, le parking et la disponibilité des produits alliés au prix Le marché algérien est-il réellement en mesure d'accueillir des grandes surfaces en l'absence de réseaux de distribution ? C'est un processus naturel qui passe par trois phases. La première phase c'est celle du petit commerçant de proximité. La deuxième phase c'est celle où on assiste à la fusion de ses petits commerce pour déboucher sur des grands magasins style supérettes. L'Algérie est actuellement dans cette phase d'évolution. La troisième phase c'est celle des grandes surfaces qui ne tarderont pas à faire leur apparition sur le marché algérien du fait de la grande concurrence qui existe actuellement dans le secteur commercial. Le marché algérien est très porteur pour le secteur de la grande distribution. Il y a une grande volonté de la part des grandes marques étrangères de venir s'installer en Algérie. L'arrivée des grandes surfaces devra anéantir le commerce de proximité... Si une grande surface, de la trempe de Carrefour s'installe, il est clair que les supérettes actuelles perdront une bonne partie de leur chiffre d'affaire. Pourquoi ? Parce que si on veut vendre aujourd'hui, on doit avoir une surface de parking. Or, la majorité des supérettes ne l'ont pas. Le parking, c'est la clé de réussite des grandes surfaces. C'est beaucoup plus facile d'aller en voiture, une fois par semaine pour faire ses achats que de tourner au rond pendant une heure ou deux. Les grandes surfaces font partie d'une culture de consommation que les algériens n'ont pas encore. Le consommateur algérien arrivera-t-il à l'adopter ? Je n'en doute pas un instant. De la même manière qu'on est passé d'une petite épicerie à une supérette, on va passer à une grande surface. Il y a des factures qui attirent les consommateurs notamment la disponibilité, la variété des produits et les prix. Le reste c'est l'affaire de ce qu'on appel dans le jargon commercial, le marketing viral. Dispose-t-on en Algérie de textes juridiques régissant l'activité de la grande distribution ? Dans l'état actuel des choses, il y a un grand vide juridique dans le domaine de la grande distribution en Algérie. Le champ est complètement libre devant les grandes surfaces. Il n'y a pas encore de règlement spécifique au secteur de la grande distribution. Mais cela, ce n'est qu'une première étape. Le besoin de réguler viendra naturellement après. Les associations de consommation pourront faire valoir leurs droits auprès des grandes surfaces en les obligeants par exemple d'acheter une partie de leurs produits auprès des producteurs algériens. La crainte justement c'est de voir ses grandes surfaces vendre que des produits issus de l'importation... C'est possible. Mais cela dépendra de la politique de l'entreprise est des conditions de son installation en Algérie. Un chef d'entreprise est pragmatique, s'il trouve que le produit acheté ici est très cher qu'ailleurs, il va l'importer d'ailleurs. Je pense toutefois que les produits algériens sont très compétitifs de point de vu qualité et quantité par rapport aux produits importés de l'étranger. Comment voyez-vous l'évolution du marché algérien ? Il y a une véritable dynamique. Les choses évoluent très vite sur le marché algérien. Nous constatons que beaucoup d'algériens lancent leurs propres affaires tout en étant très conscient de la nécessité de se doter des moyens technologiques afin d'organiser leur gestion et d'augmenter leur rentabilité.