Les autorités semblent vouloir sauver le secteur des industries manufacturières. Un «programme de soutien» aux entreprises publiques du secteur est en cours de préparation au niveau du ministère de l'Industrie, a indiqué hier Saïdani Abdelhak, président de la Société de gestion des participations des industries manufacturières (SGP/IM). S'exprimant lors d'un workshop entre opérateurs algériens et tunisiens, organisé au siège d'Algex à Alger, ce responsable a estimé que ce programme portera sur «la réorganisation du portefeuille de la SGP, l'assainissement des dettes des entreprises et l'investissement». Il n'a pas toutefois donné le montant que compte injecter le gouvernement pour sauvegarder ce qui reste des entreprises locales, qui emploient 200 000 travailleurs dans les filières textile, cuir et bois. Le dossier sera soumis prochainement au Conseil des participations de l'Etat (CPE), selon Mohamed Ould Mohamedi, directeur général du développement industriel, au ministère de l'Industrie. Environ 70 entreprises, représentant le portefeuille de la SGP/IM, devraient bénéficier de ce plan de redressement et de développement. Leurs dettes fiscales et parafiscales sont évaluées à 50 milliards de dinars, selon M. Ould Mohamedi. Les entreprises nationales publiques (textile, bois et cuir) ont vu leurs parts de marché rétrécir comme une peau de chagrin (10%) alors qu'elles exerçaient une suprématie totale il y a quelques années. A titre d'illustration, le marché du textile algérien, tous types de produits confondus, représente actuellement seulement 160 millions de dinars, selon Fodil Mourad, président-directeur général du Centre national des textiles et des cuirs (CNMTC). Un marché dominé à hauteur de 85% par le secteur public ; les opérateurs privés se partagent le reste. Cependant, le secteur n'est plus ce qu'il était dans les années 1960-70. La fusion, en 1975, de deux entreprises publiques avait permis la création d'un grand groupe industriel, la Sonitex. Une aubaine qui permettait à des industriels et des artisans de s'approvisionner alors auprès du géant étatique. Aujourd'hui, le secteur est sinistré, de l'avis de tous les acteurs. «Le secteur a été laminé en raison du processus de privatisation», déplore Mohamed Benini, président-directeur général d'Algex. Si la production de confection-bonneterie a été divisée par 2,5 en 10 ans, le secteur a perdu, sur le front social, pas moins de 80 000 emplois en 20 ans, selon la Fédération nationale du textile, affiliée à l'UGTA. Le secteur public produit 20 à 25 millions de mètres linéaires/an. Or, cette production ne couvre que 10% du marché national, dont la demande avoisine les 100 millions de mètres linéaires/an. Certains opérateurs du secteur privé se sont plaints de la déferlante de produits asiatiques sur le marché national, notamment depuis l'ouverture du marché mondial du textile, en 2005. De plus, la signature de l'Accord d'association entre l'Algérie et l'UE, ayant entraîné une levée des dernières barrières sur les quotas d'exportation, n'a pas été sans dégâts sur des entreprises algériennes du textile, incapables d'abaisser leurs coûts de production au niveau de ceux des entreprises chinoises. Ajoutez à cela la concurrence déloyale et la contrefaçon de produits inondant le marché. Par conséquent, nombre d'entreprises ont perdu des parts de marché, alors que d'autres ont carrément fermé.