Les factures impayées, les coûts de l'énergie et les piquages illicites fragilisent cette entreprise qui couvre 60 communes. L'Algérienne des eaux (ADE) de Tizi Ouzou accuse près de 850 millions de dinars d'arriérés impayés dont près de la moitié relève de la consommation ménagère. Les autres créances que l'entreprise n'arrive pas à recouvrer, concernent les collectivités locales et administration (16 milliards), les commerçants (4,7 milliards), industrie et tourisme (1,6 milliard), travaux (11,9 milliards). «Certains villages refusent le paiement de la facture d'eau pour diverses raisons, notamment la contestation de la taxe d'assainissement. Des campagnes de sensibilisation ont été menées par l'ADE avec les comités de villages, mais en vain», a déploré le directeur de l'unité de Tizi Ouzou. Ce manque à gagner couplé à d'autres contraintes, fragilise davantage cette entreprise dont la facture de l'énergie électrique était de 44 milliards de centimes en 2009. Dans son rapport annuel, l'Algérienne des eaux fait état de nombreuses embûches qui compliquent sans cesse la distribution d'eau potable. Il s'agit notamment de «vol des équipements, des installations de production éloignés et éparpillés, menace sur l'intégrité physique de nos agents ainsi que sur la sécurité du patrimoine». A cet égard, la justice est saisie pour le règlement de certains cas de vol. L'entreprise compte un peu plus de mille plaintes à travers les parquets de la wilaya. Les responsables de cet organisme évoquent aussi le récurent problème des piquages illicites sur les réseaux, notamment en zone rurale. L'été dernier, l'alimentation en eau potable de la commune d'Aït Aïssa Mimoun et d'une partie du village de Timizart Loghvar, englobant 24 000 habitants, a été perturbée pendant une semaine suite au vol de câbles d'alimentation électrique de deux forages implantés dans l'oued Sebaou, à hauteur du lieudit «Pont de Bougie» (sortie-est de la ville de Tizi-Ouzou). D'autre part, l'entreprise fait face aux dépenses inhérentes à la distribution de l'eau. Vu l'aspect topographique accidenté de la région, l'alimentation en eau potable des populations se fait par un système de pompage complexe. La vétusté de certains réseaux d'adduction et de distribution, dont la majorité remonte aux années 70, et l'éparpillement des ouvrages de production et leur sécurisation posent également problème. L'unité ADE, qui compte environ 190 000 abonnés, produit une moyenne annuelle de 80 millions de m3 d'eau, mais seuls 42% sont facturés, le reste (58%) est constitué de pertes générées par des piratages de conduites et des fuites sur les réseaux de distribution. Pour limiter ce manque à gagner, l'ADE a procédé à des investissements pour la rénovation de conduites d'alimentation vétustes ou défectueuses.