Les factures d'eau impayées sont devenues, à présent, l'un des dossiers problématiques majeurs des dirigeants de l'Algérienne des eaux (ADE). Ce phénomène, qui nous rappelle le cas de Sonelgaz, d'Algérie Télécom et de l'OPGI, grève la trésorerie des entreprises et organismes concernés. Malgré les campagnes de sensibilisation sur la régularisation, d'abord à l'amiable, des factures dues et, ensuite, les menaces de poursuites judiciaires dans certains cas, les clients, du simple citoyen aux entreprises et administrations publiques, continuent de cumuler les factures impayées sans crainte ni inquiétude. Même le recours, depuis un certain temps, à la coupure d'eau potable en vue de contraindre les clients récalcitrants à régler leurs dettes, notamment ceux ayant cumulé 4 factures impayées, n'a pas dissuadé ces mauvais payeurs. Au niveau du centre du pays, l'Algérienne des eaux (ADE) a décidé de réagir après avoir été victime de fraudes et de branchements illicites sur son réseau, mais aussi en raison du nombre croissant des factures impayées. Elle veut récupérer les créances accumulées depuis quelques mois, dont le préjudice financier s'élève à plusieurs millions de dinars. Mieux, vu l'ampleur de ce phénomène, les pouvoirs publics, par le biais du ministère de tutelle, ont «instruit» les organismes tels que l'ADE et la SEAAL de poursuivre en justice tous ceux qui refusent de payer pour vol d'eau. Selon certains responsables des institutions concernées, le non-paiement des redevances touche une proportion importante d'abonnés, d'où la solution avancée par les responsables de l'ADE qui consiste à proposer aux personnes et entreprises concernées, dans une première étape, un règlement à l'amiable. Il s'agit, soutient notre source, de fixer un échéancier conformément à un accord que les deux parties auront à concrétiser. Cette opération a-t-elle porté ses fruits ? Non, répond-on. Des particuliers ainsi que des sociétés et administrations publiques ont ignoré et continuent d'ignorer, en toute quiétude, les factures impayées, sachant pertinemment que cela cause des préjudices financiers sérieux à l'ADE. Les exemples sont nombreux. On peut citer celui de Mascara, dont le montant global des factures de consommation d'eau potable impayées s'élève à plus de 340 millions de dinars, ou Annaba, dont le montant a atteint 760 millions de dinars, selon un responsable local. Toujours à Annaba, la deuxième catégorie de mauvais payeurs est celle des administrations avec un montant de 220 millions de dinars de factures impayées. Pour justifier leurs créances auprès de l'ADE, de nombreuses entreprises publiques et administrations avancent l'argument du budget qui serait insuffisant pour assumer toutes les charges. Aussi accumulent-elles les factures de consommation d'eau, de gaz et d'électricité impayées. Quant aux entreprises dissoutes ou reprises par des investisseurs privées, le problème est entier, même si la prise en charge du passif d'une entreprise dissoute revient à celui qui la reprend, l'Etat ou le privé. S. B.