Après sa première exposition de peinture intitulée Maelström, Sabiha Abdiche se lance dans une autre aventure. Elle expose d'autres tableaux à l'hôtel El Djazaïr. Il s'agit de fragments de vie qu'elle rassemble au gré de son inspiration. Pour elle, la peinture est un fantastique exutoire qui reflète ses émotions du moment. Energique, elle peint l'instantané et ne peut faire patienter son imagination. « Quand j'ai besoin de peindre, je ne peux pas attendre, sinon après je ne peux plus rien faire », souligne t-elle. A ses yeux, la peinture est un tout. Tout s'interconnecte. La technique, la composition, les couleurs, le choix de ce que l'on désire représenter, sont au service de ce que l'on veut faire passer, que cela soit un sentiment, une sensation, une idée, et le plus souvent c'est un mélange de tout cela. Sur la toile, tout doit se synthétiser pour donner le maximum de force à ce qu'elle veut exprimer. Ce qui est sur la toile est aussi important que ce qui ne l'est pas, et souvent permet au spectateur d'imaginer que la peinture déborde de son cadre, qu'elle est le fragment d'une histoire. L'artiste est contre la pensée unique et la vérité universelle, d'où sa quête insatiable d'horizons jamais égalés. Sa peinture est une quête d'un monde à inventer entre le présent et l'évanescent. A travers son exposition, Sabiha a aussi l'ambition de se redécouvrir à travers le regard des autres. Elle parle « d'aboutissement de ses rêves » et se réjouit d'avoir réussi à réunir au moins « son cercle restreint », sa mère, ses amis et ceux qui croient en ses potentialités. Avec des rêves dans le regard, ses oeuvres sont le reflet d'elle-même. Dans ses tableaux, il est question d'instinct, de tourbillon, de balade et de vertiges. L'artiste cherche la lumière de son émotion pour en extraire un souffle de création. La technique permet d'assembler les choses. Mystère et lumière caractérisent ses tableaux. La matière est chaleureuse, onctueuse, travaillée sans lourdeur. Elle fait jouer en parfaite harmonie ses rouges, ses verts, ses bleus, tel un musicien harmonise les sons. Elle met en scène des maux bleus à la recherche d'un élan… Le monde du sensible non contrôlable ni mesurable est sa destination. Sa main rencontre les palpitations d'une âme chaleureuse. De la profondeur de l'espace peint semblent venir à notre rencontre, se bousculer ou s'éviter, des lignes errantes, des couleurs en mal de formes, des signes graphiques illisibles, des dessins vaporeux ou des silhouettes griffonnées. Et l'on comprend la difficulté pour l'artiste de restituer pleinement ce qui fut enfoui dans les strates les plus anciennes de son être et qui n'a aujourd'hui d'existence que fragmentaire, d'où le nom de son exposition. Les toiles de Sabiha mettent précisément en scène cette difficulté même qui n'a rien à voir avec une quelconque maladresse enfantine des gestes. Une exposition à découvrir jusqu'au 8 décembre au moins pour le plaisir des yeux.