Etre devant une peinture de Sabiha Abdiche, c'est un peu comme rentrer dans un rêve. On croit pouvoir comprendre ce qui nous est donné à voir, mais au moment où l'on se saisit des choses, tout se dérobe. Son univers nous entraîne dans un autre espace-temps. Ici tout semble s'être arrêté. Plus un bruit, plus un souffle. Tout semble figé à jamais dans la matière légère de la peinture. Eloge du silence ! Une expo qui aura lieu du 29 novembre au 8 décembre 2010 à l'hôtel El Djazaïr. Son inspiration est le fruit de ses chemins croisés : un regard en quête des synergies du vide et du plein, une quête de ce qui transcende l'humain, de ce qui le fragmente ou l'amène à l'intériorité. Mais aussi des nombreux voyages qu'elle effectuait avec ses parents, une expérience inestimable dans la rencontre de l'autre. A travers un univers fantasmagorique, coloré et foisonnant, Sabiha nous conduit dans les tréfonds de son imaginaire qu'elle réussit à y conjuguer par des outils et un style classiques. Parmi les nombreuses œuvres exposées, on est touché par la beauté de la série de tableau «impressionnistes». Il s'agit d'images «silencieuses», immergées dans une monochromie bleue qui s'estompe en tonalités raréfiées, peut-être des surfaces marines, faites de sillons tracés à la pointe encrée sur lesquels «volent» des objets sans épaisseur, tenus par de fragiles fils. Cette artiste organise et construit de puissantes compositions qui impressionnent et fascinent. Elle «sculpte» sur sa toile. Les teintes se fondent, produisant un étrange mariage de brutalité et de grâce qui nous plonge dans de délicieux vertiges, entre méditation et contemplation. Le temps paraît comme suspendu Sabiha Abdiche nous plonge au cœur de «villes» lointaines envahies par l'obscurité naissante de la nuit. Le crépuscule, ce moment incertain où le jour décline cédant peu à peu la place à la nuit, est l'un des thèmes de prédilection du peintre car tout devient alors mystérieux, le temps paraît comme suspendu, les formes se fondent dans des tonalités plus douces ou plus foncées, et le rêve prend le pas sur la réalité. Amoureuse de la lumière et de la matière, l'artiste peint de manière quasi charnelle des toiles moyennes en laissant sans doute volontairement un certain inachèvement afin que le spectateur poursuive seul l'histoire du tableau. Née à Tunis le 8 mars 1970, elle fait des études en économie et en management commercial et marketing à Strasbourg et à Rabat et effectue de nombreux voyages dans le monde. Son univers artistique se complète et se conjugue pour créer une véritable dialectique de mouvement et de repos, une invitation à la réflexion et à la contemplation, à la constance et au dépassement. L'imaginaire qui habite chacun de ses tableaux exposés nous invite à aller au-delà de la première rencontre et à découvrir les différentes lectures qu'offrent ces œuvres.