La présence renforcée de nos agents de la circulation dans plusieurs points jugés névralgiques témoigne quelque part de la gravité du problème de la circulation au centre-ville. » C'est en ces termes que Fouad Cherfia, commissaire principal, chef de la sécurité publique, tiendra à inaugurer un débat improvisé au sujet du problème de la circulation à Skikda. « Rien que pour l'intersection de la RN 44, nous postons continuellement trois agents des plus anciens pour juguler les flux sans parler des autres agents qui tentent le long de l'avenue des Allées et des Arcades de réguler la fluidité », rapportera M. Cherfia. Les agents de la circulation, malgré leur présence et toute leur bonne volonté, ne peuvent pas toujours gérer « l'ingérable ». Qu'on en juge : l'avenue Didouche Mourad (les Arcades) qui représente la seule artère principale de Skikda est arpentée quotidiennement par plus de 1500 véhicules/heure alors que sa capacité n'est réellement que de 500 véhicules/heure. Longue de seulement 760 m, elle vient en continuité à l'avenue des Allées du 20 Août et sert de réceptacle à l'ensemble du trafic de la ville. Elle vient en aval à plus de 23 ruelles de la vieille ville et dessert aussi bien le port que l'ensemble des équipements collectifs. C'est le seul poumon du trafic local. Selon une étude réalisée dernièrement, le manque de fluidité au niveau de cette artère serait causé essentiellement par la mauvaise configuration des deux places publiques qui la limitent en amont et en aval : la place des martyrs (Bab Qcentina) au sud et la place du 1er Novembre au nord. La place des Martyrs constitue, selon cette étude, « un agent obstructif à toute fluidité vu sa mauvaise configuration ». L'étude rapporte qu'en temps normal, plus de 3000 véhicules passent par ce rond-point. Lors des heures de pointe, ce chiffre triple et la concentration des véhicules venant des Allées ou de l'avenue Boukadoum (faubourg) stoppe tout le flux venant des Arcades. Quant à la place du 1er Novembre, elle se caractérise surtout par une présence massive de taxis urbains. Selon l'étude en temps normal, plus de 2500 véhicules l'arpentent par heure. En plus de cet engorgement que vit l'avenue Didouche, elle demeure pratiquement la seule artère empruntée vu l'absence d'autres voies de substitution. Toutes les ruelles du centre-ville sont étroites. Sur les 23 d'entre elles qui s'incrustent dans le tissu urbain, on ne trouve que quatre qui peuvent servir plus ou moins à une circulation à double voie. Les autres ruelles servent de lieux de stationnement et sont à sens unique. L'opportunité de transférer le flux vers d'autres voies est quasiment nulle. A ces « conditions spatiales » propres à la ville de Skikda, plusieurs autres facteurs viennent encore rajouter au marasme comme l'absence de parkings modernes, la transformation de l'ensemble des garages de la ville en commerces ainsi que d'autres anomalies que nous révélera Fouad Cherfia qui avance : « Nous avons relevé plusieurs manques comme l'absence de plaque de signalisation malgré nos interminables recommandations auprès des services techniques. » Il citera par ailleurs plusieurs points noirs comme les feux tricolores aménagés au niveau des Allées du 20 Août. Selon ses dires, ces feux ne remplissent pas convenablement leur mission et contribuent plutôt à créer une grande confusion. « Ces feux sont techniquement destinés à des routes à trois voies, alors qu'elles servent dans la réalité à une circulation à deux voies seulement. » Il a estimé que même l'emplacement de ces feux reste à discuter. « Nous aurions préféré que ces feux soient implantés plutôt au niveau de l'intersection de la RN 44 qui vit un trafic intense engendré par la plateforme pétrochimique. C'est une intersection qui sert de véritable porte de la ville. » Il citera aussi plusieurs autres « anomalies » comme « la ville de Skikda abrite à ce jour une gare routière qui sert de gare interurbaine et inter wilaya. Tous le bus des agglomérations de la wilaya passent par cette gare, ce qui est énorme ». Il évoquera aussi la « route de la mort » en référence à l'intersection de l'université. « Une solution urgente doit être trouvée à ce problème puisque plusieurs accidents ont eu lieu à cette intersection. » Et d'ajouter : « Au niveau de l'avenue Bouhadja à Merj Eddib, nous constatons étrangement que les trottoirs sont beaucoup plus larges que la chaussée. Et il suffit qu'une fourgonnette du transport public stationne pour que se crée un embouteillage. Pourquoi ne pas penser à aménager un arrêt de bus en empiétant sur les larges trottoirs ? » Cet état n'est qu'un sommaire d'une réalité beaucoup plus grave. Et si conduire aujourd'hui à Skikda relève de l'exploit, il reste à poser une dernière question : comment conduira-t-on à Skikda en 2020 ? Enfin, si on pourra vraiment y conduire.