La ville du savoir s'est vue bannir le 7e art de son champ culturel durant de longues années. Retrouvera-t-on un jour la magie des salles obscures ? Annoncée pour cette année, l'ouverture d'au moins une salle de cinéma, en l'occurrence En nasr, n'est toujours pas à l'ordre du jour. C'est ce qui a été rapporté, hier, par le directeur de la culture, Djamel Foughali, lors de l'émission radiophonique, Forum de Cirta FM. Concernant les autres salles, à savoir Cirta, qui relève du ministère de la Culture, et les quatre autres: Rhumel, El Anouar, Numidia et El Andalous, dépendant de l'APC, leur réhabilitation n'est pas pour demain. «La ministre de la Culture a soumis dans ce sens une proposition de loi stipulant que les salles de cinéma doivent être récupérées au profit de son département, avec droit de regard sur toute production, ce qui a été compris par les concernés comme une volonté de censure ; le problème est par conséquent toujours en débat », explique le directeur de la culture. De son côté, le représentant de l'APC donnera une explication pour le moins déconcertante sur la disparition des salles de cinéma: «L'absence de public, (de cinéphiles ?), qui préfère les DVD, les investisseurs qui ont fait monter les enchères, les litiges portés devant la justice… en sont la cause.» Sans commentaire ! Pour en revenir à l'unique salle qui suscite encore un espoir réaliste, à savoir En nasr, rappelons qu'elle a été fermée en 2001 pour travaux de rénovation, ayant touché à la boiserie, l'électricité, le chauffage, la climatisation, l'éclairage et les sièges, pour un montant global de 22 MDA (millions). Deux ans après, elle sera ouverte, mais dans le cafouillage total, car en dépit de tout ce qui a été fait, comme par exemple le parterre en marbre, de nouveaux revêtements pour les murs, un nouveau plafond…elle manquera de l'essentiel: les appareils de projection, démontés et déplacés vers Alger. Une deuxième fermeture s'est imposée. En octobre 2005, la ministre de la Culture, Khalida Toumi, promet sa réouverture, laquelle n'aura pas lieu. Pourquoi ? Parce que les travaux de réhabilitation de la salle de répertoire, engagés par la direction de logement et équipement public (Dlep), se sont avérés non conformes au cahier des charges et souffrent de malfaçons. La Protection civile, intransigeante pour les normes de sécurité régissant les infrastructures accueillant le public, refuse d'accorder le certificat de conformité, sachant que la matière utilisée pour le capitonnage des sièges n'est pas ignifuge, et de ce fait ne peut résister à un éventuel sinistre. Selon les services de la Protection civile, les réserves émises concernant la délivrance du certificat de conformité ont été levées. Alors, où se situe le problème? Pour le directeur de la culture, les sièges n'obéissent toujours pas aux normes universelles, et de ce fait «un autre montant de 20 MDA est alloué pour les refaire». L'espoir est-il, enfin, permis pour les inconditionnels des salles obscures ?