De notre correspondant à Tizi Ouzou Malik Boumati Depuis près de vingt années, la wilaya de Tizi Ouzou se trouve sans salles de cinéma. Toutes celles de la wilaya ont été fermées par les pouvoirs publics pour d'évidentes (à l'époque du moins) raisons sécuritaires et économiques. On se rappelle que la fermeture des quelque dix salles de cinéma de Tizi Ouzou est intervenue durant les années quatre-vingt-dix lors desquelles notre pays a vécu un enfer sécuritaire et économique. La culture était considérée comme un secteur de luxe qu'il fallait abandonner au profit des besoins prioritaires de la population. Mais depuis le début des années 2000 et l'aisance financière qui prévaut dans notre pays, la culture reprend peu à peu ses droits, même si ce n'est pas toujours de la meilleure des manières. Il s'agissait en priorité de réanimer la maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou, la seule institution culturelle encore en service et susceptible d'accueillir des activités culturelles et artistiques d'une certaine envergure. Il est vrai qu'en matière d'infrastructures culturelles, la maison de la culture Mouloud-Mammeri a joué le rôle de plusieurs institutions, en l'absence d'autres infrastructures dont la majorité ont été fermées durant la tragique décennie quatre-vingt-dix. Et parmi ces infrastructures figurent, bien entendu, les salles de cinéma de la wilaya qui avaient vu les derniers cinéphiles de la région abandonner leur passion pour le septième art de façon brutale. Aujourd'hui que le public cinéphile s'est rétréci» comme peau de chagrin, on commence enfin à parler de la réouverture des salles de cinéma. Depuis quelques années déjà, l'idée de réhabiliter les salles de cinéma le Mondial et le Djurdjura revenait sur toutes les lèvres, notamment celles des responsables du secteur de la culture, comme l'actuel directeur de wilaya ou même les prédécesseurs de l'actuel wali de Tizi Ouzou. Le retour de la culture s'est d'abord matérialisé avec la réhabilitation au forceps du théâtre Kateb Yacine de la ville des Genêts, devenu régional depuis son transfert de la mairie vers la Direction de la culture. Après une longue attente, les adeptes du quatrième art ont, enfin, vu leur vœu se réaliser le jour de son inauguration, au début du mois de novembre dernier. Ce n'est pas le cas de la salle de cinéma le Mondial, dont la réhabilitation a été décidée pratiquement à la même période que le théâtre régional mais qui n'a pas encore vu ses travaux démarrer, fort probablement en raison d'une autre opération de transfert qui a fait perdre de temps au projet et qui pourrait revoir à la hausse ses prévisions de dépense, estimées à l'époque à 80 millions de dinars. En effet, ce projet inscrit dans le programme quinquennal 2005-2009 a été transféré, comme la bâtisse qui l'abriterait, de la Direction de la culture vers le Centre algérien de la cinématographie (CAC), en charge désormais de sa gestion. Selon la chargée de la planification au sein de la Direction de la culture de Tizi Ouzou, l'entreprise chargée du projet a été désignée et les travaux vont démarrer incessamment. Enfin une petite bonne nouvelle pour les cinéphiles de Tizi Ouzou qui vont également avoir le bonheur de revoir leur autre salle de cinéma, le Djurdjura, inscrite par les pouvoirs publics dans le programme quinquennal 2010-2014. L'étude du projet n'a pas encore été réalisée, mais selon le directeur de la culture El Hadi Ould Ali, il s'agira de démolir l'ancienne bâtisse et d'en réaliser une nouvelle, comprenant une salle de cinéma avec cette probabilité qu'elle soit accompagnée de nouvelles salles pour d'autres activités culturelles. Le coût prévisionnel de ce projet est de 60 millions de dinars, selon la responsable de la planification qui n'omet pas de préciser que, comme pour le Mondial et d'autres projets, cette somme pourrait changer après la réalisation de l'étude. Un point positif à signaler, cependant, à propos du facteur temps puisque la structure a déjà été transférée de la mairie vers la Direction de la culture. Une opération qui ne risque pas de faire perdre du temps au projet, sauf si d'autres facteurs entrent en jeu et éternisent les travaux, comme de nombreux autres projets de tous les secteurs au niveau de cette wilaya. En outre et dans le même cadre, c'est-à-dire celui du programme quinquennal 2010-2014, la wilaya de Tizi Ouzou bénéficiera de deux autres projets, inscrits ensemble, de réhabilitation des salles de cinéma des localités de Aïn El Hammam et Tizi Gheniff. Le coût prévisionnel de ces deux projets estimés ensemble est de 6,2 milliards de centimes. Comme pour la salle de cinéma le Djurdjura, les deux projets n'ont pas encore fait l'objet d'études, selon toujours notre interlocutrice qui signalera que l'enclenchement de la procédure pourrait intervenir dans le courant du mois de février prochain. Si le respect du délai de réalisation est toujours un souci majeur pour tous les projets dans la wilaya de Tizi Ouzou, les cinéphiles de cette région sont sûrs de retrouver leurs salles de cinéma. Les quatre en projet, en attendant l'inscription de nouvelles autres qui vont généraliser le retour du cinéma dans cette wilaya où les graines de cinéastes et réalisateurs sont de plus en plus nombreux, notamment en ce qui concerne le cinéma d'expression amazigh. Un cinéma qui a aujourd'hui son festival domicilié définitivement à Tizi Ouzou depuis sa dixième édition.