Résistant, géographe spécialiste de l'Algérie et militant communiste anticolonialiste, André Prenant est décédé à l'âge de 84 ans. Son ami André Nouschi, 86 ans, historien de l'Algérie, lui a rendu hommage en ces termes dans les colonnes du quotidien L'Humanité : «Comment parler d'André Prenant ? Je le connaissais depuis 1948, quand nous avions passé l'agrégation en même temps, lui en géographie, moi en histoire. Nous avions été nommés, lui à Alger, moi à Oran, et nous nous sommes retrouvés à travailler sur le Constantinois. Fils de Marcel Prenant, illustre biologiste au Collège de France et de Lucie Prenant, philosophe spécialiste de Leibniz à la Sorbonne, il se tourne vers la géographie. Il avait suivi son père dans la Résistance. Membre du PCF, il avait été un résistant courageux. Après 1945 et comme de nombreux étudiants, il avait adhéré au PCF. Chercheur au CNRS, Prenant a publié, seul ou en collaboration, de nombreux articles et travaux sur la société algérienne de l'indépendance. Mais il remettait toujours à plus tard de rédiger sa thèse, pour être toujours à la pointe de la recherche. Ce qui ne l'empêchait pas de se battre politiquement: d'abord, pour l‘indépendance de l'Algérie et des autres territoires coloniaux; ensuite, contre le coup d'Etat de de Gaulle en 1958, et dans le cadre de la Ve République pour une France plus juste et plus humaine. Malgré un courage constant, et des talents multiples, André Prenant laisse des chantiers inachevés. Dommage pour nous tous». D'autre part, le site en ligne Mediapart publie des citations d'André Prenant qui éclairent sa présence en Algérie : «Je suis parti en Algérie en 1946 (…) J'ai été frappé par la similitude du problème pour les Algériens à l'égard de la France et la position que nous avions eue à l'égard de l'Allemagne. Pour moi, c'était la même chose, c'était la mainmise sur le peuple par une minorité liée à l'étranger. D'une part, je suis retourné en Algérie en 1949, comme prof au lycée Emile-Félix Gauthier, j'y suis resté jusqu'en 1953 quand j'ai été nommé assistant à la Fac à Paris (…), j'y suis retourné aussitôt après l'indépendance, jusqu'en 1966, comme maître de conférence délégué(…).»