La seconde soirée de Andaloussiyate de Casablanca aura permis au public nombreux de tomber sous le charme du docteur tunisien en musicologie, Mourad Sakli. Casablanca (Maroc) De notre envoyé spécial Mourad Sakli, muni de son oûd, accompagné pour la circonstance par une petite pléiade d'éminents musicologues tunisiens, mais surtout par un ténor et une diva, tous les deux également diplômés universitaires en musique, toujours timide et très modeste, avait réussi à emballer l'assistance qui est restée attentive durant toute sa production musicale, inspirée par des compositions musicales du terroir tunisien. Le percussionniste, qui maniait admirablement la derbouka, le bendir, le tar, le tambour, utilisait le spring drum, instrument de percussion à effet de vent, qui est mis en évidence par le musicien durant l'improvisation du violoniste. Lotfi Soua imposait le tempo sous le regard discret de Mourad Skali. Celui-ci a achevé son passage dans cette seconde soirée par une «compil» de 13 genres musicaux, du malouf tunisien, une manière pour cette troupe musicale tunisienne de faire découvrir aux mélomanes, y compris l'ambassadeur de la Tunisie au Maroc, le résultat de ses recherches, inspirées, faut-il le rappeler, des styles gnaoua et des notes musicales populaires tunisiennes. Hadj Mohamed Bajedoub, la star du Maroc, toujours égal à lui-même sur la scène, avec sa voix qui perce l'atmosphère, a tenu en haleine toute l'assistance de plus en plus nombreuse, malgré l'heure tardive. Medh et chants andalous étaient au menu de son passage tant attendu par ses fans. Il avait produit un cortège de styles dans ses chants caractérisés par une qualité du son exceptionnelle. L'orchestre de Chabab Al Andalous, dirigé par Amine Debbi, arrivait à interpréter facilement musicalement la production de Hadj Mohamed Bajedoub menée dans un rythme endiablé. Bajedoub rayonnait sur la scène, jusqu'à entraîner toute l'assistance à applaudir avant de commencer à danser au rythme des chants des zaouias. La star marocaine, avant d'achever son spectacle, avait demandé avec insistance à l'une des cinq personnes algériennes invitées par l'AAMA du Maroc à cette édition à le rejoindre sur scène. Le vice-président de l'association Dar El Gharnatia de Koléa, puisque c'est de lui qu'il s'agit, avec courtoisie, est monté sur scène pour saluer son ami, Hadj Madjdoub. Ce fut le délire encore une fois et le bonheur baignait dans toute cette immense plongée dans l'obscurité. L'Association des amateurs de musique andalouse (AAMA) continue à intensifier son travail par l'organisation de ses Andaloussiyates, en multipliant les échanges entre les troupes de musique andalouse du bassin méditerranéen, «pour consolider la réalisation d'une passerelle entre les peuples des pays du Grand Maghreb», dira à ce sujet Anas Harti, le président de cette 7e édition. Le président fondateur des Andaloussiyates de Casablanca, Mouaâd Jamaïi, qui exerce la fonction de wali d'El Jadida depuis moins d'une semaine, et les «soldats» de l'AAMA du Maroc se sont réjouis de cette seconde soirée maroco-tunisienne, avec le passage de la troupe de Mourad Skali et celle d'Amine Debbi. Néanmoins, la touche algérienne, par l'intrusion de Dar El Gharnatia de Koléa à travers une danse furtive, a suscité du plaisir au public.