Proposer des perspectives quant à une préservation et une transmission modernisées de la musique, notamment en Algérie. Le colloque international sur le rôle de la poésie dans la préservation du patrimoine musical, a débuté lundi dernier à la salle El Mougar, organisé par le Centre national de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques (Cnrpah), sous le patronage de la ministre de la Culture, Mme Khalida Toumi, qui a souligné dans une allocution lue en son nom par le directeur du Cnrpah, M.Slimane Hachi, l'importance des textes dans les répertoires musicaux algériens, affirmant que «ces derniers recèlent une diversité "impressionnante" de genres». Elle a indiqué, d'autre part, que les textes chantés «jouent un rôle très important dans la cohésion sociale de par les différents thèmes abordés», ajoutant que ces textes expriment le quotidien des villes et des campagnes. La ministre a rappelé «l'attention particulière qu'accorde l'Etat pour la protection, la promotion et la sauvegarde du patrimoine immatériel culturel». Un panel de chercheurs et spécialistes en musicologie, nationaux et étrangers ont été au rendez-vous, pour apporter des éclairages sur une série de questionnements et de problématiques, dont «Peut-on considérer qu'au XXIe siècle, le texte a atteint ses limites quant à son rôle dans la préservation?», «Les musiciens se servent-ils du texte comme ils l'ont toujours fait auparavant?», «Dans la société moderne, a-t-on la même écoute du texte poétique?», Les participants oeuvreront à dégager une relation entre le texte poétique et la structure mélodique dans le Maghreb, à déterminer la relation existant entre le texte poétique et le contexte socioculturel. Pour cette journée, les participants ont évoqué la relation entre la poésie arabe ancienne et la structure mélodique, soulignant l'analogie de ces deux valeurs du patrimoine culturel immatériel du point de vue esthétique, artistique et expressif. Le chercheur universitaire Abdelhamid Bourayou a évoqué Hizia du poète Mohamed Benguitoune et Ghroud Alia d'un auteur inconnu, deux textes poétiques identifiés comme patrimoine folklorique. L'intervenant a fait ressortir à travers ces deux poèmes épiques le rôle de la poésie lyrique dans la préservation de la structure mélodique. Qualifiant Hizia, une histoire d'amour pleine d'amertume de deux amants, Saïd et Hizia, de «Talisman de l'immortalité», M.Bourayou a souligné que «ce chef-d'oeuvre a été chanté dans différentes structures mélodiques y compris le bédoui, par de nombreux artistes dont Rédha Doumaz (châabi), le groupe Rock Dzaïr et Mohamed Rédha (moderne)». Le chercheur universitaire a cité certains vers dans lesquels Saïd décrivait sa bien-aimée comme s'il courtisait une muse. Il a évoqué par la suite Ghouroud Alia magnifiquement interprété par Abdallah Menaï. Le chercheur jordanien en musicologie Abdelhamid Hammam a abordé le rôle de la poésie arabe dans la préservation des mélodies musicales avant l'avènement de l'Islam précisant que «la poésie arabe a joué un grand rôle dans ce domaine et nous a permis, a-t-il dit, d'identifier certains chants poétiques transmis à travers les générations». Le chercheur et compositeur soudanais, Abbas Slimane Hamed Essoubaï, a évoqué la poésie populaire (Doubay) et son impact sur le patrimoine musical au Soudan. M.Mourad Sakli de l'Institut supérieur tunisien de la musique a estimé que «la relation entre le texte poétique et sa structure mélodique s'est développée et a beaucoup changé». En marge des travaux, des concerts de musique sont prévus chaque soir à la salle El Mougar à partir de 21h00. Le public aura droit à du Zdjûl constantinois, Achewiq de Kabylie, Houbi de Béchar, Ahellil de Gourara, Daynan de Cherchell et à l'Imzad de Tamanrasset.