Le laboratoire d'études philosophiques et axiologiques de l'université des sciences humaines de Bouzaréah (Alger II) a organisé une rencontre-débat, la première du genre, autour de celui qui incarnait la branche critique du réformisme musulman. La vie et l'œuvre de ce «passeur», initiateur du dialogue entre les trois religions monothéistes, ont été passées au crible par plusieurs universitaires, dont Meziane Benchergui (communication portant sur la place d'Arkoun dans la pensée arabe contemporaine), Mohamed Nourredine Djebab (L'orientalisme d'après Arkoun) et Ahmed Dilani (La pensée critique et l'humanisme chez Arkoun). Dans sa conférence intitulée «Etude de la laïcité selon Arkoun», Dr Saâdi Ben Azouaou a tenté de restituer la pensée «politiquement incorrecte» de l'ancien directeur de l'Institut d'études arabes et islamiques de l'université de Paris III. Pour l'universitaire, Mohamed Arkoun «baignait dans un univers de laïcité. C'était son souci premier. Toutes ses œuvres avaient pour trame de fond la question cruciale de la laïcité». Arkoun a prôné le modernisme et l'humanisme islamique, plaidé pour un Islam repensé dans le monde contemporain. Boycottée par les officiels, la rencontre n'a pas drainé les foules nombreuses.Seulement quelques dizaines d'étudiants et enseignants universitaires, une poignée de responsables de l'université – le recteur était absent – avaient pris part à ce mini séminaire, pratiquement le premier du genre qu'une université algérienne organise en hommage à l'intellectuel disparu à Paris, le 14 septembre dernier, et inhumé au Maroc.