Après maintes tentatives de relance qui se sont avérées infructueuses, on s'est enfin résolu à faire appel à des compétences étrangères pour essayer de redresser le football national. C'est l'objectif de la délégation d'experts européens menée par l'ex-président de la Fédération française de football, Jean Fournet Fayard, qui se trouve dans nos murs depuis hier pour une visite de travail. Ces experts rencontreront les acteurs principaux et directs du football algérien, au niveau des régions phares du pays, et tâcheront également d'avoir une idée précise sur les installations sportives utilisées notamment par les équipes de haut niveau. En plus clair, la délégation européenne aura des entretiens avec les responsables de la FAF, des Ligues nationale et régionales, des clubs et probablement avec des entraîneurs pour les questions d'ordre technique. On ne sait pas si le MJS, en sa qualité de tutelle, figure dans le programme d'inspection, mais toujours est-il que les hôtes de l'Algérie se sont déplacés dans le but de recueillir le maximum de données objectives pour un travail d'investigation qui ne se fera pas en un jour. L'état des lieux, à l'évidence, passe par une prospection approfondie. C'est que la situation du football algérien est désespérante et complexe à la fois. D'abord, ce football dont on pensait qu'il avait pris son décollage définitif dans les années 1980, couronné par deux participations successives à la Coupe du monde, a vite fait de rechuter faute de logistique conséquente et surtout de qualification en matière de formation. Du pain sur la planche L'Algérie, terre de football, où les potentialités à l'état brut existent effectivement, n'a jamais su investir dans le long terme. C'est la raison pour laquelle les quelques valeurs intrinsèques qui éclosent çà et là s'éteignent rapidement. Le constat est amer pour un pays qui mérite nettement mieux, compte tenu des moyens dont il dispose : un championnat des plus ternes, des joueurs de faible niveau international qui ne sont plus « exportables », un classement mondial revu toujours à la baisse et, pour achever le tableau, la coupe d'Afrique qui maintenait une certaine illusion devient désormais inaccessible. Ensuite, le pseudo-passage au statut professionnel aura été un grand leurre puisque, au-delà de l'argent qui a coulé à flots et de manière anarchique, aucune structure, qu'elle soit organisationnelle, administrative ou de compétition, n'a été adaptée à la nouvelle configuration. On parle chez nous de grands clubs, alors que ces derniers n'ont, pour la plupart, même pas un terrain d'entraînement ni la moindre infrastructure pour justifier un tant soit peu leur standing. Comparés aux clubs égyptiens ou tunisiens pour ne pas aller trop loin, les nôtres ressemblent à des bicoques, sans vouloir offenser personne. Tout est donc à revoir, et le mieux serait de commencer par démystifier un certain prestige qui est loin de correspondre à la réalité de la balle ronde algérienne. Les experts européens ont donc du pain sur la planche, mais c'est un travail de refondation qui, d'une manière ou d'une autre, doit être réalisé pour sortir notre football de l'ornière.