Le souci des autorités algériennes est de remettre la destination Algérie sur orbite internationale en encourageant, malgré les aléas, le tourisme réceptif. La rencontre internationale sur le développement du tourisme domestique, qui a eu lieu jeudi dernier à Alger, en marge du Salon international du tourisme et des voyages, a réuni plusieurs experts de l'Organisation mondiale du tourisme (OMT). Smaïl Mimoune, ministre du Tourisme et de l'Artisanat, a tenu à affirmer que ce type de tourisme est une des priorités de son département, en plus de la mise à niveau des hôtels à travers le plan qualité tourisme et la formation. Cependant, la tâche est loin d'être facile dans un secteur qui a été marginalisé durant de longues années et qui doit lutter contre un certain pessimisme. Le ministre sait pertinemment qu'il faut d'abord convaincre et trouver les mots justes pour une reprise de confiance. Depuis son installation, il est en plein round d'observation avant d‘entrer dans le vif du sujet. «La tendance actuelle à travers le monde fait ressortir qu'une plus grande importance est accordée au tourisme domestique du fait de son impact sur le développement économique et social, d'où la nécessité d'investir ce créneau créateur d'emplois», a-t-il déclaré. Citant les différentes facettes du tourisme ancrées dans la société, comme les stations thermales, les centres de repos et de remise en forme, ainsi que le tourisme cultuel et religieux, le ministre a fait observer que l'Algérie dispose d'un «produit brut» qu'il faut exploiter pour en faire des produits touristiques. Le ministre a vite compris que c'est le produit qui fait le tourisme, et non le potentiel. Il a lancé un appel aux investisseurs pour «relever le défi» de relancer le tourisme, ce qui permettra à l'Algérie de «recouvrer sa place au niveau du tourisme international». Par ailleurs, une enveloppe de 48 milliards de dinars sera dégagée pour la réhabilitation de 47 hôtels et stations thermales relevant du secteur économique public au niveau national. Le dossier sera examiné au niveau du Conseil des participations de l'Etat (CPE). Une enveloppe de 2 milliards de dinars a été allouée à la réhabilitation de 9 hôtels du Sud, mais il faut souligner qu'à ce jour les travaux n'ont pas encore débuté. Un retard qui risque de freiner le développement du tourisme dans ces régions, alors qu'elles constituent le fer de lance du tourisme algérien. Actuellement, sur 2200 structures, entre agences de voyages et hôtels, réparties à travers le territoire national, 200 ont adhéré au Plan qualité tourisme Algérie (PQTA), soit un taux de 10% ! Le tourisme domestique, un choix pour l'Algérie ? Si au niveau du discours politique, les choses semblent plus ou moins claires, il faut savoir que ce genre de tourisme est loin de se réduire à une simple promenade. Il faut exprimer et traduire dans les faits un engagement de fond de l'ensemble des acteurs (transports, agences de voyages, hôtels). C'est Frédéric Perret, représentant du SG de l'Organisation mondiale du tourisme (OMT), qui le dit : «Le tourisme international et domestique sont deux faces d'une même activité. Ce qu'il faut bien voir dans le tourisme interne, c'est que c'est un tourisme un peu plus compliqué et qu'il faut diversifier les destinations, les hébergements et les activités offertes. Il faut un transport de qualité, notamment terrestre (routier, ferroviaire), en plus du développement de structures d'animation locales.» Il nous déclare, néanmoins, que «l'Algérie a un très fort potentiel méconnu. Il faut accentuer la promotion, mais derrière, il faut développer des produits de qualité». Le tourisme domestique est très visible en Turquie, en Tunisie et au Maroc. La saison estivale a été, en partie, sauvée dans ces pays grâce aux voyages domestiques qui ont compensé partiellement le manque de touristes internationaux. Le tourisme domestique est essentiellement individuel ou familial, sans intermédiaire. C'est aux professionnels d'imaginer des packages attractifs. L'un des enjeux majeurs est d'éviter qu'il y ait un tourisme pour les plus aisés et un tourisme pour les plus modestes. La plupart des premiers pays d'accueil touristique sont aussi ceux où des politiques sociales d'aide au départ en vacances existent. A titre d'exemple et selon les études récentes, le nombre de voyages domestiques effectués en Chine en 2009 a atteint le chiffre de 1,9 milliard.