Le traité ou la convention d'Ottawa est un traité international de désarmement qui interdit l'acquisition, la production, le stockage et l'utilisation des mines antipersonnel. Il est entré en vigueur le 1er mars 1999. Lors d'une journée d'études organisée par l'association des handicapés moteurs de l'Ouest, El Hayat, des conférences d'universitaires et de représentants de l'armée nationale, ainsi que des témoignages d'anciens moudjahidine, ont dépoussiéré les mémoires pour «ressusciter» la Ligne Morice, une frontière de fils de fer barbelé et de mines antipersonnel s'étalant sur 700 km à l'Ouest du pays, édifiée par l'armée coloniale française en 1957. Les statistiques officielles font état de 300 personnes handicapées et d'un nombre incalculable de morts. Cette bande frontalière compte des victimes dont des enfants post-indépendance. «Le plus grave, selon un intervenant, 3 millions de mines de ce type demeurent toujours enfouies dans cette région». Un chiffre effarant qui contredit largement les déclarations des officiels qui, eux, ont parlé, à un certain moment, d'éradication, après des opérations de déminage effectuées par les spécialistes de l'ANP. Dispositif d'insertion Après la signature de la convention d'Ottawa en 1999, le gouvernement français a remis à son homologue algérien des plans de pose des mines sur cette partie de l'Algérie. «Certes, mais cela ne représente que 30% de la réalité», a affirmé un représentant de l'ANP. Lors d'une entrevue, le responsable de l'association des victimes de la guerre a indiqué que «les victimes de la Ligne Morice sont nombreuses et vraiment abandonnées. Et même si la majorité touche une pension, la réalité est que ce pécule est très insignifiant. Le mieux serait de leur trouver une occupation dans un dispositif d'insertion qui leur permettra de vivre dignement». Aujourd'hui, du côté du village de Msamda (Maghnia) des agriculteurs cultivent dangereusement des terres qui renferment toujours ces mines: «Quand j'ai commencé l'opération de dépierrage de ma parcelle, je me suis retrouvé nez à nez avec ces mines. Mais, depuis, je suis devenu, par la force des choses, un artificier. Il faut bien que je travaille ma terre», confesse-t-il avec le sourire. Mais, au fond, il souhaiterait bien que les autorités en prennent conscience et inscrivent une autre opération de déminage dans cette région, surtout que plus de 4 000 âmes y vivent…