C'est parce que la thématique de l'art et du patrimoine a été tellement galvaudée par le passé qu'un séminaire de deux jours lui a été consacré à l‘Ecole supérieure des beaux-arts d'Alger. Dans son discours inaugural, hier matin, le directeur de l'Ecole des beaux-arts d'Alger, Nacerddine Kassab, a indiqué que «dans une société qui a connu autant de continuités que de ruptures historiques, spatiales et culturelles, susceptibles de générer des agencements inédits, la conservation de son patrimoine artistique, architectural et urbain témoigne non seulement pour l'histoire et pour l'art, mais également pour la mémoire. Cette rencontre permettra de rapprocher l'université du monde professionnel, mais aussi de définir les problématiques nouvelles non encore investies qui pourraient constituer de nouveaux champs de recherche». Présent en tant que modérateur dans ce séminaire, le miniaturiste Bachir Yellès est revenu dans son intervention sur l'historique de l'Ecole des beaux-arts d'Alger, dont il fut le premier directeur à l'avènement de l'indépendance. Créée en 1881, l'école était située à la rue d'Orléans dans une mosquée désaffectée avant d'élire domicile sur un terrain d'expropriation au Télémly. En 1954, dira Bachir Yellès, il a fallu un temps de réflexion pour mettre en place les balises de cette école d'art. Promu directeur en 1962, il a retrouvé une école dans un état de délabrement lamentable. «Il fallait réorganiser et remettre l'école en l'état. Les professeurs avaient déserté les lieux, excepté deux professeurs étrangers et trois Algériens. La tâche était lourde, mais il y avait de l'enthousiasme», a-t-il dit. Afin de combler le déficit en enseignants, il a fallu recourir à la coopération technique. «Notre principe, c'était d'avoir de la rigueur dans l'enseignement. Cela a donné de bons résultats.» Les élèves étaient recrutés en qualité de créateurs et non de dessinateurs. C'est ainsi qu'a été créée la section architecture. Plus tard, il y a eu un éclatement, puisque l'Ecole d'architecture a été installée à l'EPAU d'El Harrach, tandis que l'Ecole des beaux-arts restera dans le même édifice. L'Ecole des beaux-arts était active dans la vie publique, puisqu'elle a participé à plusieurs expositions en Algérie et à l'étranger. Nacerddine Kassab avertira l'assistance qu'un travail est actuellement en cours sur la restructuration des archives de l'école. Dans son intervention intitulée «Eléments de réflexion sur l'introduction dans le fonds patrimonial d'œuvres contemporaines», l'universitaire Najet Khedda est revenue sur la définition générale du patrimoine. «Le processus de patrimonialisation ne pose pas les mêmes problèmes dans un pays jouissant d'une continuité historique des institutions nationales et dans un pays qui, comme l'Algérie, a eu à reconstruire ses institutions. Or, la patrimonialisation est un processus qui suppose aussi bien un consensus populaire que des instances de consécration dont la crédibilité dépend de leurs compétences et de leur capacité à faire endosser par un large public leurs évaluations.» Le professeur marocain, Jamâa Baïda, a, dans sa communication intitulée «La construction de la vocation touristique au Maroc», soutenu que son pays, qui est aujourd'hui une destination privilégiée du tourisme international, est un cas où la vocation touristique a été construite patiemment tout au long du XXe siècle.Le conférencier s'est notamment interrogé sur le phénomène de patrimonialisation qui, tout en conservant les vestiges du passé, fait un usage nouveau des monuments du patrimoine. La doctorante Luisa Irazu Lopez Campos est convaincue qu'un travail de sensibilisation doit se faire en direction des enfants. «Les projets et les activités avec les jeunes et les enfants ne doivent pas être considérés comme complémentaires, ils sont des projets au même niveau et importance que le reste. Ils sont les meilleurs transmetteurs d'information dans tous les groupes sociaux.»